Négociations conventionnelles : MG France hausse le ton

Paris, le vendredi 13 janvier 2023 – Jusque-là partisan d’une ligne modérée, le syndicat MG France exprime sa colère face au discours d’Emmanuel Macron sur la médecine de ville, vécu comme une provocation.

Le syndicat MG France était resté en retrait du grand mouvement de protestation qui touche la médecine de ville et qui s’est concrétisé par deux grèves, une début décembre et une autre bien plus longue entre le 26 décembre et le 8 janvier. Tout en disant comprendre la « colère » de ses confrères, le Dr Agnès Giannotti, présidente du syndicat, ne cachait pas son opposition à la revendication phare des grévistes, à savoir la hausse du tarif de la consultation à 50 euros.

« Le C à 50 euros, c’est exactement le contraire de ce que nous souhaitons, ce n’est pas comme cela que l’on va lutter contre la désertification médicale et améliorer l’accès aux soins des Français » expliquait la généraliste parisienne à la veille de la manifestation des libéraux du 5 janvier. Une position modérée qui a laissé penser à la CNAM que le syndicat MG France pourrait être un allié dans des négociations conventionnelles particulièrement tendues en cours, son directeur Thomas Fatôme louant les « syndicats qui ne portent pas cette revendication d’augmentation à 50 euros qui ne correspond pas à leurs aspirations ».

MG France opposée à la délégation de tâches

Mais cette apparente belle entente a volé en éclats à cause des vœux aux professionnels de santé d’Emmanuel Macron de vendredi dernier. Un discours où le Président de la République aura, tout en épousant plusieurs revendications des milieux hospitaliers, eut des mots assez durs pour les médecins libéraux, leur demandant plus d’efforts pour assurer la permanence des soins, dans le cadre d’un « nouveau pacte de soins et de devoir avec la médecine libérale ».

Un discours très mal perçu par le Dr Giannotti, qui parle de « propos inacceptables » du chef de l’Etat. « Les généralistes ont avalé de travers la fève de la galette des rois » s’amuse la présidente de MG France, avant de lancer plus sérieusement : « quand on dit que les généralistes ne travaillent pas assez, que nous sommes le verrou du système de santé, l’empêcheur d’accès aux soins, c’est absolument inaudible ! ».

La généraliste a également très mal perçu les propos d’Emmanuel Macron en faveur de la délégation de tâches, notamment lorsqu’il a incité les généralistes à déléguer aux professions paramédicales le renouvellement des ordonnances. « Un renouvellement, c’est une réévaluation, nous ne sommes pas des photocopieuses, dans quel monde vivent les politiques ? » s’exclame la syndicaliste qui voit également d’un mauvais œil la volonté du Président de la République de lever le plafond de 20 % de consultations réalisés à distance, alors que « des téléconsultations hors sol peuvent aboutir à des dérives inquiétantes pour la qualité de la prise en charge des patients ».

Le syndicat fixe ses lignes rouges

Particulièrement remonté par le discours présidentiel, MG France est désormais bien décidé à ne pas se laisser faire lors des négociations conventionnelles, alors que la phase des réunions bilatérales entre la CNAM et les syndicats a repris. Le syndicat a exposé ses revendications : hausse du tarif de la consultation de base à 30 euros « au niveau de l’inflation », rémunération à 60 euros pour les consultations longues auprès de patients souffrant de maladies chroniques et hausse du forfait patientèle médecine traitant (FPMT).

MG France prévient : ces revendications constituent des lignes rouges et doivent être acceptés sans contrepartie. « Nous n’accepterons pas de devoirs supplémentaires, meilleur moyen pour que des milliers de médecins généralistes ne vissent jamais la plaque » explique le syndicat. Si la CNAM ne cède pas sur ses points et si « les avancées conventionnelles sont conditionnées à de nouvelles contraintes » comme elle dit le craindre, le Dr Giannotti menace de ne pas signer la convention et de lancer un « mouvement de grande ampleur pour les généralistes ».

« Nous serons inflexible » prévient l’omnipraticienne, bien déterminé à hausser le ton.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • MG France hausse le ton

    Le 13 janvier 2023

    Combien d’adhérents à MG France ?

    Dr B Lebourgeois

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