Néphrectomie partielle robot-assistée : quel risque y a-t-il à continuer l’aspirine ?

Les malades sous aspirine pour une prophylaxie primaire ou secondaire de thrombose sont plus exposés au saignement dans des suites opératoires, ce qui doit faire peser dans chaque cas le rapport risque/bénéfice de ce traitement.

La néphrectomie partielle (NP) provoque davantage de saignement que la néphrectomie radicale. La question de continuer ou d’interrompre le traitement anti-agrégant en péri-opératoire a conduit des auteurs américains à mener une étude multicentrique rétrospective comparant les suites de la NP robot-assistée (NPRA) selon que les opérés ont interrompu l’aspirine (GSA) ou qu’ils l’ont maintenue à 81 mg/j (GA) la veille de la NPRA et les jours suivants. Ont été exclus les patients prenant d’autres doses ou d’autres anti-agrégants ou anticoagulants. Les critères de jugement ont été le nombre de transfusions per et postopératoires et le taux de complications.

Sur les 1 565 opérés retenus dans l’étude, il y avait 228 (14,5 %) GA et 1 337 (85,5%) GSA

Les patients GA étaient plus souvent des hommes, plus âgés (63 vs 57 ans) et porteurs de davantage de pathologies ; en revanche le type de tumeurs selon le score RENAL (diamètre, caractère exophytique de la tumeur, proximité du système collecteur) n’était guère différent.

Davantage de transfusions en cas de poursuite de l’aspirine

La durée de l’intervention et le temps d’ischémie chaude ont été plus longs dans le GA. De même, le taux de transfusions peropératoires a été de 6 % dans le GA vs 3 % dans le GSA, mais le taux de complications peropératoires a été similaire.

Les transfusions postopératoires ont aussi été plus fréquentes (7 vs 2 %) dans le GA Quant aux complications, elles ont davantage émaillé les suites des malades GA : certes, il y a eu, sans que cela soit significatif, un peu plus d’évènements thromboemboliques dans le GSA, mais cela est largement compensé par des complications (29 vs 17 %), non seulement hémorragiques, mais aussi par exemple des faux anévrysmes de l’artère rénale (2 % GA vs 0,1 % GSA).

C’est donc sur le nombre de transfusions, majorées par l’âge et par l’anémie initiale, que l’effet de la prise d’aspirine est le plus notable. Par ailleurs les malades prenant de l’aspirine ont eu une durée de séjour augmentée d’un jour en moyenne.

Le traitement par aspirine en péri-opératoire peut être utilise pour des malades sélectionnés mais il faut savoir qu’il augmente le risque de transfusions postopératoires au cours de la néphrectomie partielle robot-assistée.

Dr Jean-Fred Warlin

Références
Delto JC et coll. : Perioperative aspirin use is associated with bleeding complications during robotic partial nephrectomy.
J Urol 2022;207:278-283.

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