Où l’exercice physique semble protéger du déclin cognitif, quelle que soit son intensité

Il n'existe actuellement aucune option thérapeutique réellement efficace pour retarder la progression de la maladie d'Alzheimer (MA). Des études préliminaires confirment les bienfaits potentiels de l'exercice sur la santé cérébrale des personnes âgées à risque de MA. EXERT est une étude de phase 3 multicentrique, randomisée en simple aveugle, qui a examiné les effets de l'exercice physique régulier sur la cognition et d'autres mesures de la progression de la MA dans une cohorte de sujets de plus de 65 ans sédentaires souffrant de troubles cognitifs légers (MCI).

Une étude randomisée sur près de 300 patients


Les participants ont été randomisés pour suivre un entraînement physique aérobie (AX) ou des exercices d'étirement, d'équilibre et d'amplitude de mouvement (EEM) pendant 18 mois. Pendant les 12 premiers mois, les exercices étaient effectués pendant 30 à 40 minutes sous la supervision des entraîneurs du YMCA 4 fois par semaine. Au cours des 6 derniers mois, les participants ont pratiqué sans supervision 2 fois par semaine. Le groupe AX a effectué des exercices d'intensité modérée définis par une fréquence cardiaque élevée (65-70 % de la fréquence cardiaque de réserve), le groupe EEM a fait des exercices à une fréquence cardiaque plus faible (<35% de la fréquence cardiaque de réserve).

Les évaluations ont eu lieu à l’inclusion puis aux mois 6, 12 et 18. Le critère d'évaluation principal comprenait les résultats obtenus aux 6ème et 12ème mois à une version modifiée de l'ADAS-Cog13 comportant des subtests et des mesures supplémentaires de la fonction exécutive (ADAS-Cog-Exec). D'autres tests de la fonction exécutive et de la mémoire ont été administrés (dont le Clinical Dementia Rating Sum of Boxes, CDR-SB et le Mini Mental Status Exam, MMSE), un prélèvement sanguin a été effectué pour l'analyse des biomarqueurs de la MA, et une IRM cérébrale a été réalisée. Les deux groupes d'intervention d'EXERT ont été comparés aux échantillons appariés d'autres cohortes (ADNI-1) afin d'estimer les effets du traitement par rapport à l'absence d'intervention (soins habituels).

La valeur de l’exercice n’est pas dans son intensité


Un total de 296 participants a été inclus de septembre 2016 à mars 2020. Plus de 31 000 séances d'exercice ont été réalisées dans la phase supervisée de l'étude. Dans les groupes Ax et EEM, respectivement 81 % et 87 % des séances supervisées prévues ont été réalisées. Pendant la pandémie de COVID-19, lorsque l'étude a été interrompue, plus de 60 % des participants ont déclaré avoir continué à faire de l'exercice. Les groupes AX et EEM présentaient des caractéristiques démographiques équilibrées (âge médian 74 ans, femmes 57 %). Les scores initiaux confirmaient que les participants présentaient des MCI (MMSE moyen = 27,9 ; CDR-SB moyen = 1,5), et 25 % étaient porteurs de l'APOE4.

En utilisant une approche en intention de traiter modifiée (les participants doivent avoir commencé à faire de l'exercice et avoir effectué au moins une évaluation de suivi) pour l'analyse des données, ni le groupe AX ni le groupe EEM n'ont montré de déclin cognitif ni sur l'ADAS-Cog- Exec ni sur le CDR-SB sur les 12 mois de suivi. Il n'y a pas eu de différence significative entre les traitements AX et EEM sur ces résultats (p=0,29 pour ADAS-Cog-Exec).

Dans l'analyse des soins habituels comparant les participants ADNI-1 et EXERT, appariés selon plusieurs variables clés (données démographiques, fonction cognitive de base, APOE4), les participants ADNI-1 ont montré le déclin attendu à 12 mois sur l'échelle ADAS-Cog-Exec, mais pas les groupes AX et EEM d'EXERT (ADNI-1 vs AX : p=0.012 ; vs EEM : p=0.0005).

Dans l'essai EXERT de plus grande envergure et plus long que les précédents, les déclins prévus à 12 mois pour le groupe d’exercice d’intensité modérée n’ont pas été observés. Ces résultats suggèrent que les deux interventions d'exercice ont ralenti le déclin cognitif des patients atteints de MCI. Il est possible qu'un plus grand « volume » d'exercice ait fourni une plus grande protection, indépendamment de l'intensité de l'exercice. En outre, les deux groupes ont bénéficié d'une socialisation équivalente, ce qui peut également avoir protégé contre le déclin.

Ces résultats sont particulièrement remarquables étant donné que l'essai a été réalisé pendant la pandémie de COVID-19.

Dr Isabelle Méresse

Référence
Topline Results of EXERT : can exercise protect against cognitive decline in MCI ? C. Cotman , H. Feldman, A. Lacroix, et al (United States). 15ème conférence annuelle CTAD, San Francisco 29 nov-2 décembre 2022.

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