
Une étude randomisée sur près de 300 patients
Les participants ont été randomisés pour suivre un
entraînement physique aérobie (AX) ou des exercices d'étirement,
d'équilibre et d'amplitude de mouvement (EEM) pendant 18 mois.
Pendant les 12 premiers mois, les exercices étaient effectués
pendant 30 à 40 minutes sous la supervision des entraîneurs du YMCA
4 fois par semaine. Au cours des 6 derniers mois, les participants
ont pratiqué sans supervision 2 fois par semaine. Le groupe AX a
effectué des exercices d'intensité modérée définis par une
fréquence cardiaque élevée (65-70 % de la fréquence cardiaque de
réserve), le groupe EEM a fait des exercices à une fréquence
cardiaque plus faible (<35% de la fréquence cardiaque de
réserve).
Les évaluations ont eu lieu à l’inclusion puis aux mois 6, 12
et 18. Le critère d'évaluation principal comprenait les résultats
obtenus aux 6ème et 12ème mois à une version modifiée de
l'ADAS-Cog13 comportant des subtests et des mesures supplémentaires
de la fonction exécutive (ADAS-Cog-Exec). D'autres tests de la
fonction exécutive et de la mémoire ont été administrés (dont le
Clinical Dementia Rating Sum of Boxes, CDR-SB et le Mini
Mental Status Exam, MMSE), un prélèvement sanguin a été
effectué pour l'analyse des biomarqueurs de la MA, et une IRM
cérébrale a été réalisée. Les deux groupes d'intervention d'EXERT
ont été comparés aux échantillons appariés d'autres cohortes
(ADNI-1) afin d'estimer les effets du traitement par rapport à
l'absence d'intervention (soins habituels).
La valeur de l’exercice n’est pas dans son intensité
Un total de 296 participants a été inclus de septembre 2016 à
mars 2020. Plus de 31 000 séances d'exercice ont été réalisées dans
la phase supervisée de l'étude. Dans les groupes Ax et EEM,
respectivement 81 % et 87 % des séances supervisées prévues ont été
réalisées. Pendant la pandémie de COVID-19, lorsque l'étude a été
interrompue, plus de 60 % des participants ont déclaré avoir
continué à faire de l'exercice. Les groupes AX et EEM présentaient
des caractéristiques démographiques équilibrées (âge médian 74 ans,
femmes 57 %). Les scores initiaux confirmaient que les participants
présentaient des MCI (MMSE moyen = 27,9 ; CDR-SB moyen = 1,5), et
25 % étaient porteurs de l'APOE4.
En utilisant une approche en intention de traiter modifiée
(les participants doivent avoir commencé à faire de l'exercice et
avoir effectué au moins une évaluation de suivi) pour l'analyse des
données, ni le groupe AX ni le groupe EEM n'ont montré de déclin
cognitif ni sur l'ADAS-Cog- Exec ni sur le CDR-SB sur les 12 mois
de suivi. Il n'y a pas eu de différence significative entre les
traitements AX et EEM sur ces résultats (p=0,29 pour
ADAS-Cog-Exec).
Dans l'analyse des soins habituels comparant les participants
ADNI-1 et EXERT, appariés selon plusieurs variables clés (données
démographiques, fonction cognitive de base, APOE4), les
participants ADNI-1 ont montré le déclin attendu à 12 mois sur
l'échelle ADAS-Cog-Exec, mais pas les groupes AX et EEM d'EXERT
(ADNI-1 vs AX : p=0.012 ; vs EEM : p=0.0005).
Dans l'essai EXERT de plus grande envergure et plus long que
les précédents, les déclins prévus à 12 mois pour le groupe
d’exercice d’intensité modérée n’ont pas été observés. Ces
résultats suggèrent que les deux interventions d'exercice ont
ralenti le déclin cognitif des patients atteints de MCI. Il est
possible qu'un plus grand « volume » d'exercice ait fourni une plus
grande protection, indépendamment de l'intensité de l'exercice. En
outre, les deux groupes ont bénéficié d'une socialisation
équivalente, ce qui peut également avoir protégé contre le
déclin.
Ces résultats sont particulièrement remarquables étant donné
que l'essai a été réalisé pendant la pandémie de COVID-19.
Dr Isabelle Méresse