
L’étude a porté sur un total, numériquement important, de 14
874 observations effectuées chez 401 nourrissons en bonne santé,
issus d'une cohorte suivie de façon prospective depuis la
naissance. L'association entre l'exposition au pollen et les
symptômes respiratoires, explorée lors d'entretiens téléphoniques
hebdomadaires, a été évaluée à l'aide de modèles mixtes additifs
généralisés.
En substance, les modèles additifs généralisés (GAM pour
generalized additive models) permettent de décrire de façon
flexible une relation non-linéaire entre des éléments prédictifs et
une variable réponse. Les GAM peuvent être élargis pour inclure des
effets aléatoires afin de représenter des données groupées.
Au cours de la période examinée (de janvier à septembre),
l'exposition à tous les pollens étudiés (graminées, herbes, arbres)
est apparue associée à une augmentation des symptômes respiratoires
pendant la journée (selon la méthode statistique des risques
relatifs RR). Comme on pouvait s'y attendre, dès la première année
de vie, l'exposition aux pollens était associée à un risque accru
de symptômes respiratoires, indépendamment de l'atopie maternelle
et du sexe des nourrissons.
Étant donné que la petite enfance est une période
particulièrement vulnérable pour le développement pulmonaire,
l'effet indésirable identifié des expositions polliniques était
l'évolution favorisée vers un asthme infantile chronique. Cette
étude confirme l'expérience clinique qui, chez les enfants
atopiques, montre que la nature des premières expositions
polliniques prépare le profil de sensibilisation allergique
ultérieur.
Dangers d’un environnement trop vert
L'évidence du risque d'asthme (et de rhinites allergiques), avait été démontrée antérieurement par diverses publications dont les deux que nous citons ci-dessus
— Lodge et coll.,(1) ont étudié les conséquences allergiques
et fonctionnelles respiratoires à l'âge de 12 et de 18 ans de
l'exposition des enfants, à la naissance, à une ambiance de
"verdeur de leurs habitats". L'exposition précoce au pollen de
graminées est associée à une diminution de la fonction pulmonaire
chez les enfants et les adolescents.
Il en résulte qu'il faudrait envisager des interventions
ciblées d'évitement, tenant compte de la topographie locale, et
d'autres interventions cliniques telles que l'immunothérapie
allergénique (ITA). Parmi les résultats observés, on notera que
l'exposition au pollen de graminées au cours des 7 premiers jours
était associée, à l'âge de 12 ans, à une réduction du VEMS (−15,5
mL par doublement du nombre de pollens) et de la CVF (−20,8
mL).
— Lambert et coll., (2) ont étudié les associations entre l'exposition à plusieurs types de pollens et la fonction pulmonaire ainsi que les marqueurs de l'inflammation des voies respiratoires à l'âge de 8 et 14 ans. En substance, les pollens de cyprès, Casuarina (arbustes de plusieurs espèces de la famille des Casaruinacées comprenant 17 espèces originaires d'Australie et de Nouvelle-Zélande), les cyprès, diverses espèces de pins, et non les graminées, peuvent diminuer la fonction pulmonaire de l'enfant ainsi que le NO exhalé.
—Des résultats identiques ont été observés à Mexico City (3) avec Casuarina aquisifolia et Pinus Spp. Il est probable que ces résultats, obtenus à Sydney, sont tributaires de l'environnement. Par exemple, en France, les pollens des pins maritimes sont des "pollens lourds", non ou très peu aéroportés, donc pratiquement inaptes à sensibiliser les populations environnantes, en dehors de cas particuliers de "pollinoses de proximité".
Pr Guy Dutau