
Paris, le jeudi 2 février 2023 – Pour la FHF, le recrutement est « la mère de toutes les batailles » pour sauver l’hôpital public.
Après Emmanuel Macron le 6 janvier et le ministre de la Santé François Braun ce lundi, c’était au tour de la Fédération hospitalière de France (FHF) de présenter ce mercredi son plan pour sortir de l’ornière notre système de santé et plus particulièrement l’hôpital public. Pour ce groupement proche de la majorité (son président Arnaud Robinet, ancien député, est membre du parti Horizons), l’essentiel est d’améliorer le recrutement puisque que c’est le manque de personnel soignant (notamment paramédical) qui provoque la fermeture des lits, aggravant les conditions de travail et plombant l’attractivité dans un cercle vicieux délétère pour l’hôpital. « Améliorer le recrutement, c’est la mère de toutes les batailles » assure Arnaud Robinet.
Pour la FHF, le constat est effet sans appel : il manque cruellement de soignants à l’hôpital. Plus de 15 000 postes d’infirmiers seraient vacants (5 à 6 %), autant de praticiens hospitaliers (30 %) et 5 000 d’aides-soignants (2,5 %). Sans oublier un taux d’absentéisme en augmentation ces dernières années (7,5 % en 2012, 10 % en 2022 avec un pic à 12 % pendant l’été). Certes les effectifs hospitaliers ont augmenté de 3 % entre 2019 et 2022, mais cela reste insuffisant pour faire face à l’augmentation des besoins en santé. De plus, 99 % des établissements de santé déclarent rencontrer des difficultés à recruter.
Des propositions proches de celle de l’exécutif
C’est pourquoi la FHF présente son « plan de bataille pour les ressources humaines » qu’il espère à même d’inverser la tendance et de renforcer les effectifs hospitaliers. Un plan qui passe tout d’abord, assez logiquement, par une augmentation du nombre de professionnels formés. La FHF appelle ainsi à un « élargissement volontariste des quotas de formation des infirmiers et aides-soignants ainsi qu’un approfondissement du numerus apertus en médecine » et espère « que d’ici 2025, le nombre de places ouvertes en 1ère année de formation soient portées à 40 000 pour les infirmiers, 32 500 pour les aides-soignants et 12 000 pour les médecins ». Dans la même veine, la FHF souhaite « la facilitation de l’accès à la formation continue et l’assouplissement des voies de passage entre les carrières médicales ».
Pour faciliter le recrutement, il est évidemment également nécessaire de travailler sur l’attractivité et l’amélioration des conditions de travail. A ce titre, les propositions de la FHF sont assez proches de celles faites par l’exécutif ces dernières semaines : mieux rétablir la charge de la permanence des soins entre le public et le privé et entre l’hôpital et la ville (la fameuse « responsabilité collective » décriée par les syndicats de médecins libéraux), revaloriser les gardes, les astreintes et le travail de nuit, lutter contre les « dérives » de l’intérim et favoriser l'exercice mixte public/libéral. En pleine réforme des retraites, la FHF appelle de ses vœux une meilleure prise en compte de la pénibilité et salue la création d’un « fonds de prévention de l’usure professionnel ».
Pour connaitre les meilleurs outils pour améliorer l’attractivité, rien de tel que de demander aux principaux intéressés, à savoir les soignants eux-mêmes. En parallèle de son programme, la FHF a donc révélé les résultats d’un sondage réalisé auprès de 10 000 soignants. Si certaines réponses sont assez encourageantes (80 % des soignants sont fiers de leur métier, 91 % se sentent utiles), d’autres sont plus inquiétantes : 89 % des répondants indiquent que leur travail génère du stress (la plupart l’expliquant par un « manque de moyens humains et matériels » et seulement la moitié conseillerait leur métier à un proche. Pour les soignants, les moyens d’améliorer l’attractivité sont clairs : des revalorisations salariales (pour 64 % des répondants), l’amélioration des conditions de travail (46 %) et un meilleur accès à la formation continue (42 %) sont nécessaires.
« Recrutement, rémunérations, qualité de vie et évolution des carrières : tout ce qui compose l’attractivité des métiers de santé à l’hôpital fait système » résume Arnaud Robinet. « On ne peut pas améliorer les conditions de travail sans accroitre les recrutements et pourvoir les postes vacants et en même temps, améliorer les conditions de travail est une condition pour être davantage attractif et arriver à recruter ». On espère que la FHF a trouvé une solution à cette équation apparemment insoluble.
Grégoire Griffard