PLFSS 2023 : forte baisse (annoncée) du déficit de la Sécurité Sociale

Paris, le lundi 26 septembre 2022 – Le PLFSS pour l’année 2023 table sur un déficit de 6,8 milliards d’euros, contre 17,8 milliards en 2022.
Le redressement est assez spectaculaire.

Pour la troisième année consécutive, le déficit de la Sécurité Sociale devrait diminuer. Selon le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2023, révélé par l’Agence France-Presse ce dimanche et présenté en Conseil des Ministres ce lundi, le déficit de la Sécurité Sociale serait de 6,8 milliards d’euros l’an prochain, soit une baisse de 62 % par rapport à 2022.

Le déficit avait atteint 39 milliards d’euros en 2020 lors de la première année de la crise sanitaire, avant de redescendre à 25 milliards en 2021 et 17,8 milliards en 2022.

Ce rétablissement des comptes sociaux est dû à la croissance (chiffré à 1 % en 2023 par Bercy), à l’inflation mais aussi et surtout au recul de l’épidémie de Covid-19. La France ne dépensera ainsi que 1 milliard d’euros pour lutter contre le SARS-Cov-2 en 2023, contre 12 milliards en 2022. Une provision qui « risque de se révéler très insuffisante » prévient cependant le Haut conseil des finances publiques, consulté pour avis dans le cadre de l’élaboration du PLFSS.

La Sécurité Sociale reste cependant encore assez loin de la situation de quasi-équilibre qu’elle avait atteint en 2018 avant la crise sanitaire (1,2 milliard d’euros de déficit).

La branche maladie toujours en déficit


Dans le détail, les branches familles et accidents du travail seront excédentaires et devraient le rester les années suivantes. Le déficit de la branche maladie devrait se résorber à un rythme plus lent, Bercy estimant qu’il devrait atteindre 2,6 milliards d’euros d’ici 2026.

En revanche, plombé par les « effets démographiques du vieillissement » explique le projet de loi, le déficit de la branche vieillesse devrait plonger, passant de 1,7 milliard d’euros en 2022 à 13,7 milliards en 2026.

Au global, les recettes de la Sécurité Sociale devraient augmenter de 4,1 % en 2023, quand les dépenses n’augmenteront elles que de 2,1 %. Parmi les nouvelles dépenses, le gouvernement souhaite investir davantage dans le milieu du grand âge, respectant ainsi une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.

L’enveloppe consacrée a la branche autonomie augmentera ainsi de 1,5 milliards d’euros avec notamment une hausse de la dotation des Ehpad de 2,4 %.

Mais le ministre des comptes publics Gabriel Attal a également affiché sa volonté de renforcer la lutte contre la fraude sociale, dans un appel du pied clair aux élus de droite, dont les voix seront essentielles pour que le futur budget soit adopté. Le ministre a notamment promis de « renforcer les pouvoirs des cyber enquêteurs des caisses de la Sécurité Sociale ».

Fin du remboursement des arrêts maladie délivrés par téléconsultation


Autre annonce qui risque de faire couler beaucoup d’encre, le PLFSS prévoit de mettre fin au remboursement des arrêts de maladie délivrés en téléconsultation par un praticien autre que le médecin traitant et ce à compter du 1er juin 2023. Les consultations à distance sont pourtant entièrement prises en charge par l’Assurance maladie depuis 2020, d’abord en raison de l’épidémie de Covid-19 puis comme palliatif à la désertification médicale et à la crise des urgences.

Mais le gouvernement estime que la télémédecine est source d’abus. « Certains enchainent les consultations en ligne jusqu’à trouver celui qui voudra bien leur délivrer un arrêt maladie » a expliqué ce dimanche Gabriel Attal, qui estime le coût de ces arrêts maladie indus à 100 millions d’euros en 2021.

L’annonce du déremboursement de ces arrêts maladie a été saluée par le Dr Jérôme Marty, président de l’Union Française pour une médecine libre (UFML), qui y voit « un fantastique coup de pied à une espèce de financiarisation du soin et à la médecine low-cost ».

Les débats autour du PLFSS au Parlement risquent d’être particulièrement difficiles, alors que le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée Nationale et envisage de profiter de l’occasion pour introduire la réforme des retraites par amendement.

Plusieurs figures du gouvernement ont déjà annoncé que le recours au 49.3 n’était pas exclu.

Nicolas Barbet

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