
Tous les malades de 18 à 75 ans ayant un KOE confirmé dont la
limite supérieure était à 3 cm du sphincter supérieur de l’œsophage
ont été inclus, quel que fût leur stade T, mais à la condition
d’avoir moins de 3 ganglions envahis (N0-N1), pas de métastases
(M0) sur les examens d’imagerie, un état général correct (le malade
quittant son lit au moins 12h/j) et une perte de poids < 10
%.
Au cours de ce traitement néoadjuvant, la surveillance s’est
faite par des examens cliniques, radiologiques et biologiques à la
recherche de signes de toxicité imposant un éventuel arrêt du
traitement. La chirurgie, 6 semaines plus tard, a consisté en un
double abord cœlioscopique abdominal et thoracique et à un curage
des lymphatiques de ces deux régions, doublé d’un curage cervical
pour les KOE du 1/3 supérieur de l’œsophage. La continuité
digestive a été le plus souvent rétablie par confection d’un tube
gastrique anastomosé au niveau du cou.
Tolérance presque similaire et meilleurs résultats oncologiques qu’avec la chimiothérapie seule
Au total 264 patients (132 C et 132 RC) ont été enrôlés, dont
226 hommes. Toutefois, après élimination de ceux qui ont refusé
leur consentement au tirage au sort, ou qui n’ont voulu ou pu être
opérés, il est resté 114 malades dans le RC et 108 dans le C (en
intention de traiter car, parmi eux, 6 avaient des tumeurs non
résécables du fait d’adhérences à la trachée ou à l’aorte et 78
étaient des T4 a (adhérences au pilier du diaphragme, à la plèvre
ou au péricarde).
La toxicité du TNA a entraîné plus d’accidents dans le groupe
RC (15 %) que dans le groupe C (7 %).
Le taux de complications postopératoires a été comparable (47
et 42 %), avec la même incidence de complications majeures et de
fistules anastomotiques (10 et 11 %), et une mortalité à 90 j
similaire (3,5 et 2,8 %).
Le taux de résection R0 (berges saines et curages extensifs) a
été aussi très voisin dans les 2 groupes (97 et 96 %) mais
l'anatomopathologie a montré une meilleure stérilisation du tissu
tumoral dans le groupe RC (100 %) que dans le groupe C (96 %), (p
< 0,001), ce qui se retrouve au niveau lymphatique (66 % de N0
après RC vs 46 % après C).
La survie à un an a été légèrement supérieure (87 vs 83
% après RC, avec moins de décès imputables à la progression
tumorale dans le groupe RC (7 vs 14 %).
Dr Jean-Fred Varlin