Polémique sur le décès d’une patiente en attente prolongée d’une intervention chirurgicale au CHU de Dijon

Dijon, le mercredi 9 novembre 2022 – La famille d’une patiente décédée accuse le CHU de Dijon de l’avoir laisser mourir de faim. La direction de l’hôpital nie en bloc.

Le 23 août dernier, Claudette Simon, 77 ans, était admise au CHU de Dijon pour se faire opérer à la suite d’une fracture du fémur. Elle n’en sortira jamais vivante : 8 jours plus tard, le 31 août, la septuagénaire décède à l’hôpital. Ses deux enfants en sont convaincus : le personnel du CHU de Dijon a laissé leur mère mourir de faim et de soif. Ils ont depuis porté plainte contre l’hôpital, un fait rendu public par le journal local Le Bien Public.

Le CHU nie avoir laissé la patiente à jeun


Selon les deux enfants de la patiente décédée, leur mère aurait été nourrie pour la dernière fois le 24 août au soir avec un simple bouillon de légumes. Le personnel hospitalier aurait ensuite insisté pour la maintenir à jeun en vue de l’opération alors même que l’intervention a dû être reportée à quatre reprises, faute de blocs opératoires disponibles ou de personnels suffisant en plein mois d’août.

La fille de Mme Simon rapporte ainsi les propos de sa mère, qui aurait demandé à plusieurs reprises à être nourrie en se heurtant à chaque fois au refus des infirmières et aides-soignantes. La patiente aurait ensuite été admise en réanimation pour « déshydratation complète » le 28 août avant de décéder le 31.  

La direction du CHU, qui dit « comprendre la douleur de la famille », a livré une version des faits totalement différente lors d’une conférence de presse organisée ce mardi. « Son opération a été reportée à quatre reprises faute de blocs opératoires ou de personnel disponible en cette fin août, mais après chaque report, des repas ont été commandés et délivrés dans la chambre » explique le Pr Emmanuel Baulot, chef du service de chirurgie orthopédique.

Le CHU rappelle également que le report des opérations en cas de manque de personnel vise à « garantir la sécurité des patients » et que la livraison des repas à Mme Simon a « fait l’objet d’une traçabilité dans son dossier ». Il reste à savoir si la patiente avait ou non consommé ces repas et si elle avait bu de l’eau en quantité suffisante.  

Les syndicats soutiennent la direction


Les syndicats, pourtant prompt à critiquer la direction et à dénoncer les conditions de travail au sein du CHU bourguignon, défendent cette version officielle. « Cela me parait invraisemblable qu’on ait laissé cette patiente à jeun si longtemps » explique Rodolphe Gaumain, délégué syndical UNSA. « C’est impossible qu’elle n’ait pas été nourrie, il faut être prudent sur le ressenti de la famille, sur ce que la patiente a dit » abonde dans le même sens François Thibault, représentant de la CGT au CHU.

La direction du CHU a annoncé qu’une enquête interne était en cours pour retracer le fil des évènements et que les causes du décès de Mme Simon n’avaient pas encore pu être déterminée avec exactitude. La patiente présentait « un certain nombre de comorbidités » selon les médecins, qui reconnaissent que les multiples reports de son opération aient pu aggraver son état et favoriser sa déshydratation.  

A la suite de la plainte des enfants de Mme Simon, le procureur de la République a également ouvert une enquête pour homicide involontaire.

Grégoire Griffard

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Vos réactions (2)

  • Invraisemblable ?

    Le 09 novembre 2022

    Il y a quelques années cela m'aurait paru invraisemblable, mais depuis...
    Rappelons-nous la dénutrition des vieillards : étude scientifique, bien documentée, faite à l'APHP il y a 20 ans, montrant que les patients âgés ressortaient plus dénutris qu'à leur arrivée !

    Dr F Chassaing

  • Morte de faim

    Le 12 novembre 2022

    J'avais eu la même histoire à l'APHP dans années 1980 : une patiente décède au service porte alors qu'elle attend depuis 4 ou 5 jours son intervention pour fracture du col du fémur : l'interne du porte excédé par les reports toujours fait à 22h-minuit pour le lendemain avait écrit sur le certificat de décès après la découverte au matin de la mort de la patiente la nuit : "morte de faim". Je ne sais pas qu'elles ont été les conséquences à l'époque : on a surtout refait le certificat de décès.

    Dr J-R Werther

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