Premières analyses sur une surmortalité peut-être moins forte qu’attendue
Paris, le mercredi 22 juillet 2020 - Pour mieux mesurer les
conséquences de l’épidémie de Covid-19, une analyse fine de la
surmortalité est indispensable. Il s’agit d’un travail complexe et
qui nécessite un important recul. Il se confronte en outre à des
obstacles techniques : ainsi en France, la certification
électronique ne concernait que 20 % des décès début 2020. Face à
l’épidémie, tous les établissements de santé, y compris ceux
hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD) ont été invités
à utiliser prioritairement ce système. Cependant, le déploiement
est encore lent puisqu’on estime aujourd’hui que 25 % des décès
sont enregistrés par voie électronique, tandis que la tendance
stagne depuis quelques semaines.
25 030 décès de plus qu'attendu
En dépit de ces lacunes et de l’impossibilité d’établir un bilan
plus exhaustif avant au moins la fin de l’année, Santé publique
France publie aujourd’hui un rapport d’étape sur la surmortalité.
Cette synthèse relève qu’entre le 2 mars et le 31 mai 2020, « un
peu plus de 175 800 décès toutes causes confondues » ont été
recensés sur le territoire national, soit 25 030 de plus que le
nombre attendu (« estimé à partir des décès observés les années
précédentes sous l’hypothèse d’absence d’événement susceptible
d’influencer la mortalité »), soit un excès de 16,6 %.
Le confinement a sauvé des vies ?
Comment expliquer la différence entre le nombre de décès
cumulé lié à la Covid-19 rappelé quasiment quotidiennement par SPF
et la Direction générale de la Santé (DGS) et la surmortalité
provisoire observée ? Plusieurs pistes sont présentées. D’abord, le
confinement a pu entraîner une diminution de la mortalité hors
Covid, en raison du ralentissement de l’activité. Cependant, cette
hypothèse doit être approfondie, en particulier quand on constate
que « dans les régions confinées mais faiblement impactées par
l’épidémie, on ne met pas en évidence une sous-mortalité
marquée ». Cependant, au cours de la période, la mortalité des
moins de 15 ans a diminué de 14 % (-170 décès).
Une mortalité sur-estimée ?
Autre explication : « la mortalité associée à la Covid-19
estimée à partir des sources hospitalières et en établissements
médico-sociaux est susceptible d’être surestimée », relève le
rapport de SPF. Étayant cette piste, l’agence signale notamment que
dans les EHPAD, les décès déclarés n’ont pas toujours fait l’objet
d’une confirmation biologique. « Dès lors qu’un foyer d’au moins
un cas d’infection à SARS-CoV-2 était identifié dans un
établissement, l’établissement déclarait quotidiennement, parmi
d’autres indicateurs, le nombre de décès survenus dans
l’établissement » ajoute SPF.
Morts de la Covid à domicile : l’inconnue
Dernier élément important à approfondir : l’existence d’un
possible « effet moisson ». On constate en effet une «
baisse de la mortalité dans les jours ou semaines qui suivent la
période de surmortalité (…). Covid-19 aurait ainsi anticipé de
quelques jours à quelques semaines le décès des personnes les plus
fragiles » indique SPF. L’ensemble de ces champs de réflexion
doit aujourd’hui être investigué de façon plus précise, grâce
notamment à une analyse plus détaillée des causes de décès et alors
que les semaines à venir apporteront d’autres enseignements,
notamment sur une possible augmentation des décès liée à des
retards de prise en charge pendant le confinement. Ils permettront
notamment d’affiner les connaissances sur les décès à domicile.
Pour l’heure, une hausse de 139 % par rapport aux années 2018 et
2019 est relevée, mais qui n’est pas nécessairement directement
liée au virus SARS-CoV-2 mais probablement également à des
hospitalisations moins fréquentes. A l’hôpital, ainsi, les décès
ont reculé de 15 %.
Enfin, ce rapport provisoire confirme que si l’épidémie pourrait
avoir un effet sur la mortalité en 2020, ses conséquences sur
l’espérance de vie seront probablement plus limitées En effet,
l’âge moyen des décès pour lesquels une certification électronique
a été établie est de 81,3 ans.
Je reste toujours pantois à la lecture de ces études de mortalité, le JIM nous en abreuve régulièrement depuis le début de la pandémie. J'ai en mémoire un précédent article qui expliquait que si la surmortalité était importante de mars à fin mai elle tombait à 2% si on la considérait du 01/01/20 à fin mai.
Dans celui d'aujourd'hui on nous explique que la surmortalité de mars à mai est inférieure de 20% au nombre de mort attribué au covid, que non seulement l'espérance de vie ne va pas diminuer mais qu'elle risque fort de progresser : moins de mort chez les moins de 15 ans, moins de mort sur la route, moins d'AVC et d'IDM dans les services d'urgences et un âge médian des décès du covid supérieur à l'âge médian des décès toutes causes confondues (84ans VS 83ans) ...
Comparaison n'est certes pas raison, mais les épidémies de grippe de 1957 (asiatique) et 1968 (Hong Kong) ont fait plus de mort plus jeune et avec moins de comorbidité que n'en a fait jusqu'à présent la covid 19 et dans une population qui comptait 10 millions d'habitants de moins. Alors si ces tendances se confirment dans les mois qui viennent, la seule question qu'il nous restera : Tout ça pour ça?