Préserver les fonctions cognitives grâce aux IEC qui franchissent la barrière hémato-encéphalique ?

Selon certaines études, le système rénine-angiotensine au travers de ses multiples composantes paracrines pourrait intervenir dans les processus sous-tendant l’apprentissage et la mémorisation. Par ailleurs, il semble que l’enzyme de conversion de l’angiotensine soit surexprimé au sein du cortex associatif postérieur chez les patients atteints d’une maladie d’Alzheimer (MA). L’hypertension artérielle, pour sa part, favorise le déclin cognitif qui précède cette dernière et le traitement antihypertenseur peut ainsi contribuer à sa prévention. Quel pourrait être alors le rôle des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) dans ce scénario, tout particulièrement ceux qui franchissent la barrière hémato-encéphalique ? Peuvent-ils influer sur le risque de démence ?

Méta-analyse sur près de 13 000 patients hypertendus

C’est à ces questions que répond une méta-analyse : les données longitudinales des participants inclus dans 14 études de cohorte réalisées dans six pays (Allemagne, Australie, Canada, États-Unis, Irlande, Japon) ont été harmonisées et traitées, en tenant compte de l’exposition éventuelle à des IEC franchissant la barrière hémato-encéphalique. Les 12 849 sujets n’avaient pas de déficit cognitif à l’état basal. Sept domaines cognitifs ont été systématiquement explorés : attention, fonctions d’exécution, langage, mémoire verbale de travail et de rappel, vitesse de traitement de l’information, état mental. Les données ont été traitées au moyen d’une analyse multivariée avec ajustement selon les facteurs de confusion potentiels, tels l’âge, le sexe et le niveau d’éducation, puis regroupées en vue d’une méta-analyse à effets aléatoires.

Un déclin moins marqué pour la mémoire de rappel

Au terme de trois années de suivi, les sujets exposés aux IEC franchissant la barrière hémato-encéphalique se distinguent de ceux exposés aux autres représentants de cette classe pharmacologique : une mémoire de rappel plus efficace, en dépit de facteurs de risque cardiovasculaire plus nombreux, mais paradoxalement une attention moins constante. Pour ce qui est de cette dernière, force est de constater que les groupes ne sont pas parfaitement comparables notamment en termes de profil de risque cardiovasculaire.

Cette méta-analyse, malgré ses limites suggère donc que l’exposition aux IEC franchissant la barrière hémato-encéphalique pourrait ralentir le déclin de la mémoire chez l’hypertendu âgé, une notion qui a déjà évoquée dans de petites études dont certaines randomisées. Il en faut plus pour emporter la conviction mais la piste est intéressante à suivre.

Dr Philippe Tellier

Référence
HO JK et coll. : Blood-Brain Barrier Crossing Renin-Angiotensin Drugs and Cognition in the Elderly: A Meta-Analysis. Hypertension, 2021;78(3):629-643.doi.org/10.1161/HYPERTENSIONAHA.121.17049.

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