Prométhée de l’immortalité

Boston, le samedi 21 juillet 2012 – Il y a des jours où la vie est si plaisante, le soleil si radieux, le bonheur si proche que l’on rêverait un instant d’être immortel. Et l’on se lasse de cette idée à la faveur d’un nuage (d’autant plus facilement qu’on la sait impossible). Kenneth Hayworth n’est pas de ceux-là. Ce brillant ingénieur américain en neurosciences veut faire le pari que l’immortalité est un défi que l’homme peut relever. Avec d’autres, réunis dans un courant appelé aux Etats-Unis le « transhumanisme », il est convaincu que la science et la technologie permettront un jour de dépasser les limites physiques et mentales de la condition humaine au premier rang desquelles la mort. Une telle conception suppose une perception spécifique du cerveau : Kenneth Hayworth et les transhumanistes font le pari qu’il est une machine certes complexe, mais qui pourrait finalement être reproduite dans l’avenir par l’informatique. Ils sont également convaincus que le connectome (c'est-à-dire de façon schématique le plan de toutes les connections des neurones et synapses) « contient » la conscience humaine.

Un jour, je reviendrai

Ces « principes » posés, la route paraît encore très longue et les sacrifices nombreux avant d’arriver à l’immortalité du cerveau humain. Il faut tout d’abord aboutir à une connaissance complète du connectome, pour espérer pouvoir le reproduire de manière artificielle. Par ailleurs, pour faire « revivre » un cerveau, encore faut-il que celui-ci ait été parfaitement conservé. C’est ici qu’interviennent la génie et la folie de Kenneth Hayworth. Le génie parce que ce brillant ingénieur est parvenu à mettre au point un procédé chimique de conservation du cerveau à l’échelle du nanomètre dont l’efficacité chez la souris est impressionnante. Il est également à l’origine « d’une technique automatisée de découpage d’un cerveau à l’aide d’un microtome » explique le site Futura Santé, technique qui lui a valu d’être remarqué par de nombreuses équipes de scientifique aux Etats-Unis. Mais le génie de Kenneth Hayworth n’est pas exempt de folie. Le scientifique est en effet bien décidé comme il l’assure dans un entretien au magazine The Chronicle à mettre son propre cerveau à contribution. Il envisage en effet un suicide assisté pour que son cerveau encore jeune et en parfait fonctionnement puisse être utilisé pour des expériences très lointaines de « ressuscitation ». L’idée bien sûr entraîne de très nombreuses réticences au sein de la communauté scientifique, non pas uniquement en raison des problèmes éthiques qu’elle soulève, mais aussi parce que les présupposés sur lesquels elle repose sont loin d’être admis par tous.

 

Illustration : Kenneth Hayworth lors d'une conférence

 

http://www.slate.fr/lien/59431/ken-hayworth-cerveau-immortalite
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/physique-1/d/hayworth-le-neurobiologiste-qui-veut-se-suicider-pour-devenir-immortel_40150/

Léa Crébat

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Vos réactions (1)

  • L'immortalité, pour quoi faire ?

    Le 24 juillet 2012

    Un cerveau sans corps ? On ne va pas rigoler tous les jours ! C'est un peu le problème avec toutes les immortalités que l'on nous propose, qu'elles soient scientifiques ou religieuses. Et puis l'immortalité, pour quoi faire ? A part regarder ses enfants, voire ses petits enfants ou leurs enfants grandir, pour les retrouver au bout de quelques décennies dans un bocal à côté du nôtre … J’ai comme un doute.
    Bon, bien sûr, on peut rêver, comme dans les bouquins de SF à une fusion d'esprits multiples dans un super ordinateur. Dans tous ces bouquins, ça se finit mal, va savoir pourquoi ?

    Philippe Guérin

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