
Alors que la pandémie de Covid-19 se poursuit, les effets
systémiques de l’infection sont mieux connus, y compris une
hypercoagulabilité qui pourrait favoriser la survenue d’accidents
vasculaires cérébraux ischémiques (AVCi). Si, au niveau mondial,
des diminutions du nombre des hospitalisations pour accident
vasculaire cérébral (AVC), thrombolyse intraveineuse (TIV) et des
volumes de thrombectomie mécanique ont été signalées lors de la
première vague, peu de données sont disponibles sur l'impact à plus
long terme de la pandémie dans ce domaine.
Une étude rétrospective longitudinale s’est proposé d’évaluer
l’impact de la Covid-19 sur les hospitalisations pour AVC au cours
d’une année au début de la pandémie.
Une étude internationale de très grande ampleur
Les objectifs principaux de cette vaste étude rétrospective
internationale étaient d’évaluer sur une année au début de la
pandémie (1er mars 2020 - 28 février 2021), le nombre d’admissions
pour AVCi, d’admissions pour hémorragie intracrânienne (HIC), de
thrombectomies mécaniques, et de comparer ces mesures à celles de
l’année précédente (1er mars 2019 - 29 février 2020).
L’hypothèse principale était, dans le contexte de la pression
de la pandémie sur les ressources de soins, qu’il y aurait une
réduction des mesures d’AVC, plus importante dans les centres avec
les plus gros volumes de Covid-19. Cette étude s’est déroulée sur 6
continents, 56 pays et 275 unités-neurovasculaires. Les admissions
pour Covid-19 et les mesures d’AVC ont été collectées pour les deux
périodes d’intérêt et comparées à l’aide de tests statistiques
(intervalle de confiance [IC 95 %] de Wilson, tests de Poisson, Z
test, matrices de variance-covariances).
Une diminution et un déplacement des admissions
Il y a eu 148 895 admissions pour AVCi au cours de l'année qui
a précédé la pandémie versus 138 453 admissions pendant la
pandémie, ce qui représente une diminution de 7 % (IC 95 % [7,1,
6,9] ; p < 0,0001). Les diminutions les plus importantes ont été
observées dans les centres à volume d’admissions élevé pour AVC par
rapport aux centres à volume faible ou intermédiaire et dans les
centres à nombre d’admissions élevé pour Covid-19 versus admissions
faibles ou intermédiaires (tous p < 0,0001).
De la même façon, il y a eu une diminution globale de 6,1 %
des TIV (24 584 versus 23 077) entre les deux années (p <
0,0001), mais une augmentation des thrombolyses de 7,1 % dans les
centres à faible volume de TIV (p = 0,02). Il n’y a en revanche pas
eu de modification significative des volumes de thrombectomie
mécanique (0,7 %, [0,6, 0,9] ; p = 0,49). Concernant les HIC, il y
a eu 29 585 admissions au cours de l'année pré-pandémique et 28 156
admissions pendant la pandémie, soit une baisse absolue de 4,8 %
([-5,1 -4.6] ; p < 0,0001).
Les tendances de diminutions selon les centres étaient
semblables à celles des AVCi. On note, dans les centres à faible
volume d’HIC, une augmentation de 14,6 % ([13,2, 16,1] ; p <
0,0001) des admissions pour HIC pendant la pandémie. Enfin, un AVC
a été diagnostiqué dans 1,3 % [1,31, 1,38] des 406 792
hospitalisations liées au Covid-19. Une infection à SARS-CoV-2
était présente dans 2,9 % ([2,82, 2,97], 5 656/195 539) des
hospitalisations pour AVC.
Au total, au cours de la 1ère année de la pandémie, il y a eu
un déclin global des admissions et un déplacement vers des centres
à volumes plus faibles, excepté pour les thrombectomies mécaniques.
Ces résultats suggèrent la préservation des soins des AVC d'une
gravité plus élevée, mais probablement aussi une non-prise en
charge d’un certain nombre d’AVC…
Dr Isabelle Méresse