Qui est Annick Morel, dont l’arbitrage va influer sur le futur des médecins libéraux ?

Depuis que les négociations entre les syndicats de médecins et l’Assurance maladie ont échoué, elle est celle qui détient le futur des médecins libéraux. Haute fonctionnaire à la retraite, responsable de l’arbitrage qui est Annick Morel ?

Trois mois de discussions pour aboutir à un échec. Le 28 février à minuit les négociations conventionnels se sont officiellement terminées sur un échec. La sécurité sociale proposait l’augmentation de la consultation de 25€ à 26,50€ et jusqu’à 30€ pour les médecins prêts à signer un contrat d’engagement territorial et donc à remplir certaines conditions, comme prendre plus de patients, faire des gardes de nuit, exercer en zone sous dense, ou ouvrir leur cabinet le samedi matin…

Les syndicats de médecin ont refusé en bloc. Et donc désormais le futur du tarif de la consultation et des obligations des médecins libéraux est dans les mains d’une arbitre Annick Morel, qui devrait rendre son règlement arbitral d’ici 3 mois.

Mais qui est-elle ? Qui est celle qui détient le futur des médecins entre ses mains ?

Annick Morel est une haute fonctionnaire de 72 ans, à la retraite. Elle a été désignée par les partenaires conventionnels eux-mêmes, avant que les négociations capotent.

Annick Morel a multiplié les postes à responsabilité dans la Santé

Elle est diplômée de l’Institut d’études politiques et de l’ENA. Elle a intégré le ministère de la Solidarité dés 1982. Elle travaille à ses débuts plutôt sur le handicap. A partir de 1988 elle devient conseillère technique auprès de Claude Evin, alors ministre de la Santé, auprès de lui elle est en charge des dossiers sur la petite enfance.

En 1993, Annick Morel devient cheffe de service à la direction générale de la santé, puis est nommée inspectrice des affaires sociales, puis inspectrice générale des affaires sociales.

Sa carrière ne s’arrête pas là, en 1999, elle est détachée en tant que directrice de la CNAF puis en 2004 devient directrice de la famille et de la petite enfance de la ville de Paris. En 2012, elle est nommée présidente du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, poste qu’elle quitte en 2014 pour prendre sa retraite.

Une retraite active, car elle devient personnalité qualifiée au conseil de la Caisse nationale de l’Assurance maladie jusqu’en 2019, où elle préside le comité de surveillance de la réforme de la protection sociale des travailleurs indépendants. Elle est, par ailleurs, commandeur dans l’Ordre de la légion d’honneur depuis 2021.

Elle intègre ensuite le conseil de la Caisse nationale de l'Assurance maladie en tant que personnalité qualifiée jusqu’à fin 2018. A partir de janvier 2019, elle préside le comité de surveillance de la réforme de la protection sociale des travailleurs indépendants. En 2021, elle est élevée au grade de commandeur dans l’Ordre de la légion d’honneur.

C’est une mission délicate qui s’ouvre désormais pour Annick Morel. Elle a trois mois pour rédiger le règlement arbitral qui vaudra convention pour une durée de cinq ans, même si les partenaires conventionnels ont l’obligation de rouvrir les négociations dans un délai de deux ans. Suivra-t-elle les directives de François Braun ? Penchera-t-elle plutôt vers les syndicats de médecin ? Un règlement arbitral n’est en tous les cas, pas une excellente nouvelle pour la convention.


Cet article est republié à partir du site What’s up Doc. Découvrez What’s up Doc

Luc Angevert

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Vos réactions (4)

  • J'en parle en connaissance de cause...

    Le 10 mars 2023

    Je me demande si une personne de sa génération, sous l'empire de son long parcours au sein d'un système dépassé, malgré toute sa compétence et sa bonne volonté, pourra juger l'ampleur de l'inadéquation entre l'organisation des soins de ville et les attentes et mentalités des jeunes générations, et admettre la nécessité d'une vraie révolution.
    Je crains qu'on en finisse avec "une pièce de plus dans le bastringue", négociée au moindre mal des compromis, pour faire durer encore un peu l'agonie sans saisir l'occasion de créer le système de santé des générations à venir.
    Mais soyons optimistes : peut-être qu'après tout Madame Morel n'est pas la Pompadour, et qu'elle refusera de dire comme tant d'autres sur ce dossier "après nous le déluge"!

    Dr Pierre Rimbaud

  • Triste constat

    Le 10 mars 2023

    Il y a une quarantaine d'années que les "hauts" fonctionnaires de tout poil s'obstinent à montrer leur incompétence. Tous les domaines sont touchés, l'absence de courage politique est continue, peu de chose sortent de négociations, rapports et commissions prolifèrent et les décisions sont fragiles. Le système de santé, comme d'autres secteurs, coule doucement mais surement.

    Dr P Martinolle

  • ... et qui a proposé un tel arbitre aux syndicats médicaux ?

    Le 11 mars 2023

    Un DRH, un gros employeur (au moins de ME-moyenne entreprise-), ou n'importe quelle personne devant faire appel à du personnel à la fois qualifié et non salarié (genre missions et CDD en entreprise) sur du long terme serait capable de voir le problème : mettre au travail le plus grand nombre possible de personnels démotivés, avec comme n'importe quel employeur en devant utiliser les mêmes leviers : conditions correctes, paye suffisante, et perspectives encourageantes, tout en sachant que les équipes managériales précédentes ont été plus que médiocres et que le patron actuel travaille encore avec "un vieux logiciel" comme dirait plus haut le Dr Rimbaud.
    Tiens, ça me rappelle un slogan de campagne présidentielle pas très vieux : la République en marche ! (Res Publica, la chose publique, donc l'intérêt du plus grand nombre, mais sans tomber dans la dictature).

    Dr F Chassaing

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