
Des produits agricoles moins nutritifs, plus chers et plus difficiles à produire
Inévitablement, beaucoup concernent la santé. « La santé
humaine repose sur trois piliers: la nourriture, l'accès à l'eau et
le logement. Or ils sont vulnérables et menacent de s'effondrer
», explique sobrement Maria Neira, directrice du Département de
l'environnement, des changements climatiques et de la santé de
l'Organisation mondiale de la Santé. Le réchauffement climatique et
en particulier la raréfaction de l’eau altèrent incontestablement
la qualité des récoltes et ces dernières années ont déjà été
marquées par des baisses de rendement. Ainsi, la production
mondiale du maïs a reculé de 4 % au cours des quarante dernières
années et celles du mil et du sorgho de 20 et de 15 % en partie en
raison de conditions climatiques défavorables là où ces plantes
sont exploitées. On observe également une augmentation du nombre de
mauvaises récoltes. Les experts du GIEC mettent encore en garde
contre un possible risque d’une diminution des apports protéiniques
de différentes céréales. Parallèlement, l’utilisation des terres
pour la production de biocarburants ou la plantation d’arbres pour
séquestrer le carbone aura également un impact sur l’activité
agricole et sur les prix des denrées, accroissant encore la
vulnérabilité de millions de personnes.
Paludisme, dengue, diarrhées : les maladies du 21ème siècle ?
L’asséchement ne touchera pas que l’agriculture, mais également la vie quotidienne des populations. D’ici 2050, la hausse de 1,5° ou de 2° des températures devraient en effet avoir une incidence sur 75 % des approvisionnements en eaux souterraines juge le GIEC. Dès lors, des déplacements de population massifs sont à prévoir. Enfin, les maladies liées aux virus et parasites transmis par les moustiques pourraient fortement progresser et concerner une proportion croissante de la population, tandis que le GIEC prédit une progression des décès liés aux diarrhées infantiles. Les pathologies associées à la mauvaise qualité de l’air et de l’eau et à la canicule pourraient également engorger les systèmes de santé, dont la fragilité a été mise en évidence par la pandémie de Covid.Vive la science
Dès lors, le GIEC ne peut qu’une nouvelle fois appeler à une « transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement ». Il est convaincu en effet que des mesures fortes pourraient permettre de ralentir certaines évolutions. Parmi ces leviers, il convient de ne pas oublier l’ensemble des outils technologiques et scientifiques (OGM, médicaments, nouvelles sources d’énergie…) qui peuvent être développés et qui ont déjà prouvé par le passé qu’ils permettaient de dépasser certains fléaux naturels qui paraissaient insurmontables.L.C.