Réforme des retraites : les infirmières inquiètes

Paris, le mardi 17 janvier 2023 – Les infirmières s’inquiètent du fait que la prochaine réforme des retraites ne prenne pas assez en compte la pénibilité de leur métier.

Jeudi prochain, pour la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites (réforme qui sera présentée en Conseil des ministres mercredi prochain mais dont on connait déjà les grandes lignes), il y aura sans doute quelques blouses blanches dans le cortège. Peu de médecins a priori, puisqu’ils sont assez peu concernés par la volonté du gouvernement de porter l’âge de départ à la retraite à 64 ans, eux qui partent généralement à la retraite à plus de 65 ans. On pourrait en revanche retrouver quelques infirmières, qui ne cachent pas leur inquiétude depuis que la Première Ministre Elisabeth Borne a présenté la réforme mardi dernier.

Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a d’ores et déjà appelé ses adhérents à participer à la grève de jeudi prochain « afin de s’opposer à l’abjecte réforme des retraites ». « Le gouvernement veut piquer dans notre caisse de retraite pour d’autres fins que la protection sociale, ne nous laissons pas faire » s’insurge le syndicat dans son communiqué. Il appelle les infirmiers qui travaillent à l’hôpital jeudi prochain à « descendre dans le hall pour une minute de silence, déposer 1 heure de grève et réduire l’activité » et pour celles en repos à participer aux manifestations.

Convergence Infirmières, principal syndicat des infirmières libérales, n’appelle pas à la grève mais reconnait que « les incertitudes sont trop nombreuses pour pouvoir se positionner de manière totalement éclairée » sur le texte, tout en cachant pas « son inquiétude ». « Un nouvel allongement de la durée de cotisation serait inacceptable pour les IDEL » explique le syndicat. « Il faut rappeler que l’espérance de vie des infirmières est de 78 ans contre 85 ans en moyenne pour les femmes dans notre pays ; de plus, l’espérance de vie en bonne santé est de 64 ans pour les femmes, soit l’âge de départ en retraite prévu par la réforme » ajoute Convergence Infirmières.

Un régime de retraite déjà fort complexe

En revanche, la Fédération Françaises des praticiens de santé (qui regroupe outre des infirmières des kinésithérapeutes, des orthophonistes, des podologues et des orthoptistes) se dit plutôt satisfaite du projet de réforme, notamment en ce qu’il conserve la caisse autonome de ces professionnels libéraux et permettra aux personnes en situation de cumul emploi retraite de ne pas cotiser « à vider» et de voir leurs droits à la retraite augmenter.

La question de la retraite des infirmières est d’autant plus complexe qu’elles peuvent relever de plusieurs statuts différents, avec pour chacun des règles de retraite différentes : fonctionnaire titulaire, contractuelle de la fonction publique, salariée du privé ou libérale.

A noter que depuis 2010, il existe deux types d’infirmières hospitalières: celles en catégorie active, qui peuvent partir à la retraite à 57 ans (59 ans avec la future réforme) et celles en catégorie A, qui ne peuvent partir qu’à 62 ans (64 ans avec la réforme) mais qui bénéficient d’un meilleur salaire. Pour complexifier encore les choses, les infirmières en catégorie active ne peuvent partir à 57 ans que si elles ont exercé pendant 17 ans et n’ont une retraite pleine que si elles ont cotisé entre 41,5 et 43 ans selon leurs années de naissance…ce qui implique qu’il est en réalité impossible d’avoir une retraite à taux plein à 57 ans.

L’épineuse question de la pénibilité

Les principales inquiétudes des infirmières concernent la prise en compte de la pénibilité dans le futur projet de loi, les réformes sur le sujet s’étant succédés ces dernières années. « La non-prise en compte de la pénibilité de notre métier serait une hérésie » avance Convergence Infirmières. « Selon les dernières études de la Carmpinko, les trois quarts des IDEL présentent des signes d’épuisement professionnel, plus de la moitié manifestent des signes de burn-out ». Même son de cloche du coté du SNPI, qui affirme que « 20 % des infirmières partent en retraite avec un taux d’invalidité » et qui demande que la pénibilité soit reconnue « au travers d’un départ anticipé à la retraite ». 

Le gouvernement a déjà annoncé plusieurs mesures permettant une meilleure prise en charge de la pénibilité tel que la réforme du compte professionnel de prévention ou la mise en place d’une visite médicale « obligatoire et systématique » à 61 ans pour certains métiers, visite qui pourra éventuellement déboucher sur un départ à la retraite anticipée. Elisabeth Borne a par ailleurs tenu à préciser qu’elle était « prête à faire évoluer le projet » au gré des discussions avec les partenaires sociaux. Pas sûr que cela suffise à rassurer les infirmières.

Grégoire Griffard

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