
Paris, le mardi 7 février 2023 – Alors que les médecins sembleraient se désintéresser de la réforme des retraites en cours, le SNPHARE appelle les PH à participer à la mobilisation contre le projet du gouvernement.
Depuis que la Première Ministre Elisabeth Borne a présenté son projet réforme des retraites, un constat semble s’être imposé chez les médecins : ils seraient peu concernés par la réforme et l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite, eux qui mettent déjà fin à leur carrière bien souvent à plus de 65 ans. On en entend même du coté des libéraux qui considèrent que les médecins seraient parmi les (rares) gagnants de la réforme, notamment grâce aux mesures favorisant le cumul emploi retraite.
Une idée battue en brèche par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (SNPHARE) qui, dans un communiqué publié ce mardi, appelle les praticiens hospitaliers (PH) à se mobiliser contre la réforme et à, s’ils le peuvent, participer aux deux prochaines grandes manifestations prévues ce mardi et ce samedi. « La nouvelle réforme des retraites a été préparée sans réelle concertation avec les syndicats de praticiens hospitaliers (…) les praticiens hospitaliers ne se retrouvent pas dans cette réforme » explique le syndicat.
PH est-il un métier pénible ?
Comme de nombreux détracteurs de la réforme, c’est sur la question de la prise en compte de la pénibilité que le SNPHARE critique le projet du gouvernement. Le syndicat espérait en effet que cette réforme soit « l’occasion de reconnaitre les praticiens hospitaliers, comme c’est le cas d’autres métiers source de pénibilité, dans une catégorie active ou super active ». Rappelons en effet certains fonctionnaires (policiers, contrôleurs aériens, pompiers…) sont classés en « catégorie active » ce qui leur permet de partir à la retraite à 57 voir à 52 ans (59 et 54 ans après la réforme), une exception dont les PH aimeraient donc bénéficier.
A minima, le SNPHARE demande que soit créé un compte pénibilité « sur mesure » pour les PH « dont les conditions d’exercice de la permanence des soins (24 heures d’affilée, plusieurs fois par semaine, tout le long d’une carrière) ne sont comparables à aucun autre métier ». Et le communiqué de lister tous les éléments qui font selon le syndicat du métier de PH une profession « pénible » : permanence des soins, travail posté, port de charges lourdes, exposition aux radiations…Pour prévenir « l’usure professionnelle », le SNPHARE demande également un aménagement des fins de carrière avec dispense de la permanence des soins à partir de 55 ans, retraite progressive et cumul emploi-retraite (« avec rémunération attractive » précise le communiqué).
Un taux de remplacement particulièrement faible
Au-delà de la question de la pénibilité, le SNPHARE demande au gouvernement de s’attarder sur certaines questions propres aux PH. De longue date, les PU-PH se plaignent notamment que leurs émoluments hospitaliers ne soient considérés que comme une rémunération accessoire qui n’est pas soumise à cotisation et ne créé pas de droits à la retraite. En découle un taux de remplacement particulièrement faible : les PU-PH à la retraite ne touchent en moyenne que 33 % de leur dernier salaire, loin des 75 % du salaire des six derniers mois normalement promis aux fonctionnaires.
Autre revendication de longue date, le syndicat demande « la juste reconnaissance de l’ancienneté des praticiens hospitaliers ». En effet, les PH qui ont été nommés avant le 1er octobre 2020 ont perdu jusqu’à quatre ans d’ancienneté, en raison de la suppression de plusieurs échelons. Le syndicat se plaint également que les années comme « PH provisoire » ne soient pas prises en compte dans l’ancienneté. Des détails techniques qui pénalisent les PH « aujourd’hui mais aussi pour notre future pension ».
Disons-le encore, cette position du SNPHARE est loin de faire l’unanimité parmi les médecins, puisque l’intersyndical des praticiens hospitaliers (INPH) appelle à la négociation et que la Caisse autonome de retraite des médecins français (CARMF) a salué la réforme. Pour voir des blouses blanches parmi les manifestants, c’est sans doute plutôt du coté des infirmières et des aides-soignantes, très inquiètes par la réforme, qu’il faudra chercher.
Quentin Haroche