Réforme des retraites : « Nous les PH sommes déjà à 67 ans, donc l’âge n’est pas notre sujet, mais profitons de ces négociations pour améliorer l’attractivité de l’hôpital »

Elisabeth Borne a annoncé le 10 janvier son plan pour la réforme des retraites. Et si les syndicats des salariés sont vent debout, si janvier s’annonce agité dans la population, pour les praticiens hospitaliers, les enjeux ne sont pas les mêmes, comme nous l’explique Rachel Bocher, présidente de l’INPH.

What’s up Doc : La réforme annoncée le 10 janvier ne concerne pas tellement les praticiens hospitaliers ?

Rachel Bocher : La retraite des praticiens ? Premièrement, on souhaite que les choses soient abordées, déjà. Tout n’a pas été évoqué, par exemple au niveau de la retraite des PU-PH. Il y a un vrai problème, ils font partie du personnel enseignant avec actuellement un taux de retraite dramatique (autour de 30%), car ils ne touchent leur retraite quasiment que sur la partie hospitalière. Donc les hospitalo-universitaires ont des revendications légitimes qu’on peut trouver sur notre site. Et résultat, aujourd’hui, c’est qu’on manque même d’hospitalo-universitaire.

Donc notre souhait, c’est que, PH et PU-PH ne soient pas oubliés au niveau de la retraite.

Deuxièmement, nous ce n’est pas la question des 64 ans que nous avons largement dépassé, vu que nous sommes déjà à 67 ans, sans parler des prolongations avec les cumuls emploi-retraite, ou les comptes épargne temps. Mais la question de la retraite doit être envisagée en vue d’une amélioration de l’attractivité des carrières. Car la question de la retraite est partie intégrante de la carrière hospitalière, donc tout doit être pris en compte dans les améliorations qui pourront être mises en place.

Dans le contexte actuel d’une démographie médicale catastrophique, si on ne veut pas perdre les praticiens, en milieu ou fin de carrière, en cessation progressive, il est important d’améliorer les conditions, mais aussi d’améliorer les retraites qui permettent aux gens de rester suffisamment longtemps et ensuite de bénéficier d’un cumul emploi-retraite ou d’une prolongation d’activité. Mais pour cela il faut particulièrement valoriser ces années-là.

Mais là il y a justement une réforme pour favoriser le cumul-emploi retraite des médecins

RB. Oui mais pour l’instant cette partie-là reste peu attractive, donc nous demandons à ce qu’elle soit nettement améliorée.

Mais le statut de PH, c’est quand même au moment de la retraite qu’il devient plus attractif que le libéral ?

RB. Une carrière, ça ne se réfléchit pas comme ça. Une carrière, c’est global, on ne peut pas regarder simplement les chiffres. Une carrière c’est tout, il faut une revalorisation à la fois intellectuelle et financière. Si la retraite est un peu mieux financièrement pour un PH, mais que la carrière est trop difficile en termes de conditions de travail, en termes de pénibilité par rapport aux astreintes ou la permanence et la continuité des soins, ça ne marchera pas. La retraite c’est une partie de la carrière des praticiens hospitaliers. On connait tous les chiffres de vacances des postes, donc ce serait important aujourd’hui d’utiliser ces négociations retraite pour poursuivre, ce qui a été amorcé avec les Ségur 1 et Ségur 2.

Nos jeunes collègues, contrairement aux générations précédentes, regardent les conditions de retraite de manière très attentive. On ne peut pas dire la retraite des hospitaliers est meilleure. Les libéraux, notamment les spécialistes, gagnent plus sur leur activité, ils gèrent leurs retraites différemment, avec de l’immobilier par exemple. Donc on ne peut pas comparer le montant des pensions proprement dit.

Concrètement vous ne faites pas parti du vent de révolte contre cette réforme ?

RB. Je ne peux pas dire que je suis révoltée par les 64 ans, nous sommes à 67 ans sans problème. Compte tenu des difficultés démographiques, on est même sollicités pour aller bien au-delà. Mais je reste à l’écoute de la population. Notre problème reste l’attractivité de l’hôpital. Les gens choisissent une voie pour la carrière et la retraite, donc il faut utiliser cette négociation retraite, non pas sur la question de l’âge, de façon arithmétique, mais de façon davantage systémique en prenant bien en compte l’attractivité et la pénibilité.

Cet article est republié à partir du site What’s up Doc. Découvrez What’s up Doc

Luc Angevert

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (1)

  • Revalorisation oui, mais de quoi ?

    Le 13 janvier 2023

    Je ne suis pas certain qu’un PH en retraite touche 85 % de ses derniers salaires ?
    La valeur du TA soit 300 €/jour, n’a pas été réévaluée depuis qu’elle existe. La pénibilité du travail de nuit n’existe pas. Rappel, l’Ircantec ne prend en compte les gardes que depuis quelques années.
    Le cumul emploi/retraite ne donne aucun points supplémentaire alors que les cotisations sont prélevées. Il s’agit donc d’un troisième impôt, et la prime de 10 % de précarité n’est pas attribuée. Elle pourrait compenser les prélèvements retraite.
    Bref y a du travail.

    Dr W Melnick

Réagir à cet article