Réforme du système de santé : à J-1, l’attente à son comble !

Paris, le lundi 17 septembre 2018 – L’ambition de l’équipe d’Emmanuel Macron concernant la santé était concentrée sur la prévention. Tout au long de la campagne présidentielle, les responsables du volet sanitaire de son programme n’avaient en effet cessé d’insister sur le fait que la France connaissait des résultats décevants en la matière. Si cette orientation a bien été suivie (à travers notamment l’extension de l’obligation vaccinale), la crise traversée par l’ensemble des acteurs du système de santé, tant à l’hôpital qu’en ville, a imposé de réfléchir également à un plan plus vaste et plus structurel. Ainsi, concernant la tarification à l’activité, la pertinence des soins, l’organisation de la médecine de proximité ou encore ce que l’on appelle souvent le virage numérique, plusieurs comités ont planché sur les failles du système actuel et sur les solutions les mieux adaptées. Si un consensus semble prévaloir quant au diagnostic  et aux mesures à mettre en œuvre, les incertitudes sont nombreuses et concernent en premier lieu le financement.

Une communication ville/hôpital essentielle

Ces derniers jours, l’impatience était partout palpable. A l’hôpital, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux remarquait lors de sa conférence de rentrée « On n’a pas de son et d’image sur la réforme ». Si depuis, il a été reçu par le ministre de la Santé, des zones d’ombre persistent. A ses yeux, le décloisonnement entre la médecine de ville et l’hôpital est un point central. Frédéric Valletoux attend notamment des mesures de simplification afin de permettre aux libéraux de plus facilement prêter main forte à l’hôpital. Il espère également des mesures incitatives plus claires pour accroître la participation des praticiens libéraux à la permanence de soins.

Effervescence à Giens

En ville, on continue à redouter une réforme trop hospitalo-centrée. Le niveau d’engagement vis-à-vis de la médecine libérale est très attendu. Ainsi, à l’occasion ce week-end à Giens de l’université d’été de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), inaugurée par le ministre de la Santé, les enjeux du plan annoncé demain étaient dans toutes les conversations. Le ministre a donc dû se prêter à un exercice délicat consistant à se monter le plus discrète possible tout en délivrant un discours rassurant. Beaucoup ont voulu voir dans certaines de ses déclarations ainsi que dans celles du directeur de l’Assurance maladie, Nicolas Revel, la confirmation de la création d’assistants médicaux.

500 assistants médicaux dès 2019 ?

Revendication de longue date de la plupart des syndicats représentant les médecins libéraux, des assistants médicaux ont vocation à alléger les praticiens de différentes tâches, pas uniquement administratives. Accueillir les patients, faire un premier interrogatoire sur le recueil des antécédents, se charger des télétransmissions et des aspects administratifs, recueillir certaines constantes et déshabiller les nourrissons et les plus âgés : telles seraient les missions de ces assistants médicaux. Si le gouvernement pourrait, selon les Echos, annoncer le recrutement de 500 personnes d’ici 2019, les conditions d’éligibilité des cabinets pour bénéficier de ce dispositif ne sont pas connues. S’il faudra probablement respecter les tarifs opposables de la Sécurité sociale, l’augmentation de l’activité pourrait également être souhaitée. Sans précision sur ce point ainsi que sur le forfait qui sera alloué, les médecins libéraux sont encore dans l’expectative.

Des infirmières libérales inquiètes

L’arrivée de ces assistants médicaux, si elle peut rassurer les médecins libéraux (qui une nouvelle fois à Giens ont apprécié le sens du dialogue d’Agnès Buzyn), alarme les infirmières dont beaucoup estiment que leurs atouts ne seront pas exploités. Dans le Journal du Dimanche, Catherine Kirnidis (présidente du SNIIL) s’inquiète d’un programme qui laissera les infirmiers libéraux au second plan, alors qu’elles demeurent aujourd’hui un maillon essentiel des soins de proximité, notamment en raison de leur importante activité à domicile.

Dans quelques heures, le suspens sera levé et chacun pourra mesurer si le plan sait répondre à l’attente globale d’un système de santé souffrant.

Aurélie Haroche

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