Renouvellement et initiation de contraception pendant l’épidémie de Covid-19 : privilégier la téléconsultation

Assurer l’indispensable continuité des soins, tout en respectant le plus possible les mesures de confinement afin d’éviter la circulation du virus SARS-CoV-2, est un défi majeur pour les professionnels de santé en cette période d’épidémie de Covid-19. L’ensemble des sociétés savantes a répondu à cet impératif en formulant des recommandations précises à l’intention des praticiens. Le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) a ainsi rapidement publié plusieurs documents permettant de répondre aux interrogations de ces praticiens. Parmi eux, figure une mise au point concernant la contraception.

Privilégier la téléconsultation

Le principe directeur de ces recommandations est « d’assurer la couverture contraceptive des patientes », tandis que l’outil privilégié pour éviter que cet objectif ne contrevienne aux mesures de protection vis-à-vis de l’épidémie est la téléconsultation par tous moyens (téléphone, visiophone, Skype ou similaire, messages écrits en cas de déficit auditif…). Si la consultation présentielle ne semble pas pouvoir être évitée, elle devra, sauf cas de force majeure, être reportée pour les femmes présentant des signes évocateurs de Covid-19.

Le changement de LARC peut être reporté

Les recommandations du CNGOF distinguent les renouvellements et suivi de contraception, les initiations, les demandes de changement et la contraception d’urgence.

Pour les renouvellements et suivi, le CNGOF martèle que « La téléconsultation est acceptable » que ce soit « pour le renouvellement de la contraception hormonale (pilule, patch, anneaux) » ou le « suivi de contraception par LARC (implant contraceptif, DIU) ». Au cours de cette consultation, devront notamment être recherchées d’éventuelles contre-indications « survenues depuis la dernière prescription hormonale ». Concernant les prescriptions, on le sait, le gouvernement a adopté un arrêté permettant au pharmacien de prolonger les ordonnances des patients suivant un traitement "chronique" après leur délai d’expiration. Au-delà de ce dispositif, le CNGOF recommande : « La prescription pourra être faite pour 6 mois afin de tenir compte des difficultés de rendez-vous lors de la sortie de l’épidémie ». Par ailleurs, si le retrait d’un LARC était programmé pendant cette période, l’organisation rassure « Le changement d’un LARC peut être reporté de quelques mois, la durée de son efficacité allant au-delà de l’AMM selon les études ». Enfin, le CNGOF note que la mesure de pression artérielle associée au suivi d’un traitement contraceptif oestroprogestatif pourra être reportée ou réalisée par le pharmacien. « Il peut ainsi être précisé sur l’ordonnance "à délivrer sous réserve d’une tension artérielle inférieure à 14/8" » note le CNGOF.

Préférer en cas de doute lors d’une initiation d’une contraception hormonale des contraceptifs progestatifs microdosés

Des règles semblables peuvent être observées en ce qui concerne l’initiation de la contraception. Il est également possible de réaliser une évaluation grâce à une consultation à distance pour les contraceptions hormonales (pilule, patch, anneau…). Certains résultats pouvant être plus difficiles à obtenir rapidement en cette période, le CNGOF indique « qu’en cas de doute, il est préférable de prescrire un contraceptif progestatif microdosé ». Là encore, l’instance note que la mesure de la pression artérielle peut être différée ou confiée au pharmacien. En tout état de cause, « en période épidémique, il n’est pas souhaitable de refuser l’initiation d’une contraception oestroprogestative si la seule raison est l’absence de mesure préalable de la tension artérielle », insiste le CNGOF, qui ajoute encore que le bilan biologique préalable est « inutile » en l’absence de facteurs de risque et si la patiente est âgée de moins 35 ans. Il relève encore qu’en l’absence de signe d’appel, l’examen gynécologique ne s’impose nullement. Pour les femmes souhaitant une contraception par LARC, la consultation présentielle est évidemment inévitable. Elle peut néanmoins être utilement préparée par un premier contact à distance, qui permettra d’identifier les éventuelles contre-indications et de programmer un rendez-vous limitant la présence en salle d’attente.

Rappeler les règles de la contraception d’urgence

Des changements de contraception pourraient être demandés durant la période de confinement. Le CNGOF invite en la matière à évaluer lors d’une première consultation à distance le caractère d’urgence de ce souhait de changement et le cas échéant d’observer les mêmes recommandations que pour une initiation de contraception.

Enfin, à propos de la contraception d’urgence, le CNGOF préconise d’assortir chaque prescription (pouvant être télétransmise aux patientes et aux pharmaciens comme toute prescription) d’une ordonnance concernant la contraception d’urgence. Il invite également les médecins à rappeler aux patientes que « la contraception d'urgence hormonale (Norlevo et EllaOne) est disponible sans ordonnance en pharmacie et doit être prise au plus vite après un rapport à risque. Elle est gratuite pour les mineures en pharmacie et dans les CPEF ». Les centres de planning et d’éducation familiale ont cependant considérablement restreint leurs heures d’ouvertures mais conservent tous une permanence téléphonique.  

Aurélie Haroche

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