Santé périnatale : les mères françaises se porteraient bien (tout compte fait)

Paris, le vendredi 7 octobre 2022 – Selon la dernière enquête nationale périnatale (ENP), la plupart des indicateurs de santé des mères françaises sont en amélioration.

Le 20 septembre dernier, Santé Publique France (SPF) publiait un rapport alarmant sur la santé périnatale en France, relevant notamment une hausse inquiétante du nombre de mères en situation de forte précarité, du taux de diabète gestationnel ou de la mortalité néonatale. Deux semaines plus tard, SPF publie ce jeudi l’enquête nationale périnatale (ENP) de l’Inserm pour l’année 2021 qui contredit en partie ce sombre tableau, puisque nombre d’indicateurs de la santé maternelle se sont améliorés depuis la dernière enquête de 2016.

Ces différences dans les conclusions peuvent s’expliquer notamment par des méthodologies bien distinctes. Alors que le rapport de SPF de septembre reposait sur une analyse objective de divers registres sanitaires, l’ENP, menée par l’Inserm, repose sur une enquête de terrain, basée en partie sur des items subjectifs, réalisée en mars 2021 auprès de 12 723 femmes enceintes ou venant d’accoucher, toutes en métropole (une étude a également été mené en outre-mer mais ses résultats n’ont pas encore été publiés).

L’enquête menée par l’Inserm confirme la tendance observée depuis plusieurs décennies d’une augmentation de l’âge des femmes au moment de l’accouchement : 19,2 % des mères ont entre 35 et 39 ans (17,2 % en 2016) et 5,4 % ont plus de 40 ans (3,9 % en 2016). A rebours du rapport de SPF qui s’inquiétait de la paupérisation d’une partie des jeunes mères, l’ENP indique que le taux de femmes sans couverture sociale a diminué et que la part des mères diplômées est en augmentation (59,4 % des femmes enceintes ont fait des études supérieures, 22,3 % ont un bac+5).

Les femmes enceintes fument moins et se vaccinent plus


Par ailleurs, plusieurs indicateurs relatifs à la prévention sont en nette amélioration : seulement 12,2 % des femmes enceintes continuent de fumer durant le 3ème trimestre de grossesse (16,3 % en 2016) et 1,1 % consomment du cannabis (2,1 % en 2016). Plus impressionnant encore, 30,4 % des femmes enceintes ont été vaccinées contre la grippe, alors qu’elles n’étaient que 7,4 % en 2016 : les auteurs de l’enquête y voient la conséquence de la crainte suscitée par l’épidémie de Covid-19.

Les signataires de l’ENP estiment en revanche que des efforts doivent être faits concernant la prévention des anomalies de fermeture du tube neural : seulement 28,3 % des femmes commencent comme recommandé, à prendre de l’acide folique en supplément avant leur grossesse.  

S’agissant de l’accouchement et de la prise en charge des mères, les tendances seraient également plutôt bonnes. « A l’exception du déclenchement du travail, dont la fréquence est en augmentation, la tendance est à une diminution du recours aux interventions visant à accélérer le travail et à une moindre médicalisation de l’accouchement » notent les auteurs de l’Inserm. Le nombre d’épisiotomies notamment est en forte baisse : 20,1 % des accouchements en 2016 contre seulement 8,3 % en 2021.

16,7 % des jeunes mères souffrent de dépression du post-partum


Les jeunes mères sont globalement satisfaites de l’accompagnement médical dont elles bénéficient : 90 % le disent des méthodes utilisées pour diminuer la douleur lors de l’accouchement et 90 % de leur prise en charge médicale en suivi de grossesse. Les femmes ont également été interrogés sur un sujet mis en lumière ces dernières années, celui des violences gynécologiques : 10 % d’entre elles rapportent avoir été confrontés à des propos déplacés, 6,7 % avoir subi des gestes inappropriés et 4,2 % déclarent que leur accord n’a pas été demandé avant un toucher vaginal.

Enfin, l’ENP s’est intéressée à la santé mentale des femmes enceintes. Si la tendance des indicateurs est plutôt négative (63,2 % des femmes se sont sentis « bien » durant leur grossesse contre 67,7 % en 2016), l’Inserm impute cela au contexte, l’enquête ayant été mené durant la crise sanitaire. Pour la première fois, les représentants de l’Inserm ont interrogé les femmes sur leur état mental deux mois après l’accouchement : 16,7 % des jeunes mères souffraient d’une dépression post-partum, même si là encore, la situation épidémique a pu jouer un rôle.

Quentin Haroche

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