SCA et pollution, l’heure c’est l’heure !

L'exposition à court terme à la pollution de l'air ambiant est volontiers associée à une augmentation des hospitalisations quotidiennes et de la mortalité en rapport avec les syndromes coronariens aigus (SCA). Qu’en est-il quand la pollution est évaluée à des niveaux plus fins, par exemple, sur une heure ? Rares sont les études à avoir apporté des éléments de réponse à une question aussi précise.

Une étude chinoise mérite à cet égard d’être rapportée, dans laquelle ont été inclus 1 292 880 patients atteints d’un SCA, recrutés dans 2 239 hôpitaux répartis dans 318 villes, entre le 1er janvier 2015 et le 30 septembre 2020. Les concentrations horaires de particules fines (PM 2,5), de particules « grossières » (PM 2,5-10), de dioxyde d'azote (NO2), de dioxyde de soufre (SO2), de monoxyde de carbone (CO) et d'ozone (O3) ont été méthodiquement mesurées. Les SCA ont été analysés, notamment en tenant compte de leur moment de survenue, mais aussi de leur sous-type, avec ou sans sus-décalage du segment ST, l’angor instable étant considéré à part. Les données ont été traitées au moyen d’analyses multivariées par régression logistique multiple, combinées à des modèles polynomiaux adaptés.

Le NO2 est le plus cardiotoxique

L’exposition aiguë aux PM 2,5, au NO2, au SO2 et au CO a été significativement associée à la survenue d'un SCA, quel que soit son sous-type. Ces associations ont été les plus étroites dans l'heure qui a suivi l'exposition, pour s’atténuer par la suite, les effets les plus faibles étant observés 15 à 29 heures après. L’analyse des courbes concentration-réponse n’a mis en évidence aucun seuil. Une augmentation de l'intervalle interquartile des concentrations de PM 2,5 (36,0 μg/m3), de NO2 (29,0 μg/m3), de SO2 (9,0 μg/m3) et de CO (0,6 mg/m3) au cours des 0-24 heures précédant l'apparition des symptômes a été significativement associée à un risque accru de SCA, respectivement 1,32 %, 3,89 %, 0,67 % et 1,55 %. Pour un polluant donné, les associations ont été d'une amplitude comparable quant aux différents sous-types de SCA. Des divers polluants, c’est le NO2 qui s’est avéré le plus cardiotoxique, devant les PM 2,5, le CO et le SO2. Un âge > 65 ans, l’absence d’antécédents de maladie cardiorespiratoire chronique ou encore de tabagisme ont été des facteurs favorisant les effets des polluants, surtout pendant la saison froide. Aucune association n’a impliqué les particules grossières pas plus que l’ozone.

L’exposition transitoire aux polluants atmosphériques PM 2,5, NO2, SO2 et CO semble influer sur le risque de SCA à court terme, même à des concentrations inférieures à celles qui sont recommandées par l'Organisation mondiale de la santé quant à la qualité de l’air. Le scénario vaut pour la Chine qui, en matière de pollution, est bien placé pour étudier ses effets sur une très grande échelle. La méthodologie complexe de ces études épidémiologiques incite cependant à une certaine prudence pour accepter et interpréter sans réserve leurs résultats.

Dr Catherine Watkins

Référence
Renjie Chen et coll. : Hourly Air Pollutants and Acute Coronary Syndrome Onset In 1.29 Million Patients. Circulation 2022 (22 avril) : publication avancée en ligne. doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.121.057179.

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