Paris, le vendredi 24 mars 2023 – Le déficit de la Sécurité Sociale s’établit à 19,6 milliards d’euros pour 2022, soit 700 millions d’euros de plus que ce que le gouvernement avait prévu.
En pleine réforme des retraites et à l’heure ou majorité (relative) et oppositions se battent à coup de statistiques et de projections pour tenter de prouver que le report de l’âge de départ à la retraite est une nécessité ou au contraire est inutile, le bilan comptable de la Sécurité Sociale pour l’année 2022 était attendu. Les chiffres ont été révélés ce mercredi par le ministère de la Santé : en 2022, le déficit des régimes de base de la Sécurité Sociale et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) s’établit à 19,6 milliards d’euros. Les optimistes noteront que le déficit a diminué de 19 % par rapport à 2021, quand il s’établissait à 24,3 milliards d’euros, tandis que les pessimistes rappelleront qu’il est supérieur de 700 millions d’euros aux prévisions du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) de 2022.
21 milliards d’euros de déficit pour l’Assurance Maladie
Le recul du déficit s’explique tout à la fois par une hausse des recettes et une diminution des dépenses. La baisse du chômage (actuellement à 7,2 %), la progression de 8,7 % de la masse salariale soumise à cotisation, la croissance (2,6 % en 2022) et l’inflation ont en effet permis une forte augmentation des recettes de la Sécurité Sociale. A l’inverse, le recul de l’épidémie de Covid-19 a permis de diminuer les dépenses liés au dépistage et à la vaccination : 11,7 milliards d’euros ont été consacrés à la lutte contre cette maladie en 2022, contre 18,3 milliards en 2021. Après avoir explosé en 2020 à cause de la pandémie (39,7 milliards cette année-là), le déficit de la Sécurité Sociale continue donc de reculer, même si l’on est encore loin de la situation de quasi-équilibre atteinte avant la crise sanitaire (1,2 milliards d’euros de déficit en 2018). Dans le dernier PLFSS, le gouvernement table sur un trou de 7,1 milliards en 2023, soit une baisse de 64 % du déficit.
Si l’on s’intéresse au détail branche par branche, les dépenses d’Assurance Maladie en 2022 atteignent 247,2 milliards d’euros. Le déficit de la branche est de 21 milliards d’euros, soit moins qu’en 2021 (26,1 milliards) et moins que les prévisions du PLFSS (21,9 milliards). De bons résultats obtenus, on l’a déjà évoqué, grâce au recul de l’épidémie de Covid-19 et ce malgré une rallonge budgétaire accordée aux hôpitaux et une forte augmentation des dépenses liés au Ségur de la Santé (qui inclut désormais les métiers du social et du médico-social) avec 12,7 milliards d’euros dépensés en 2022.
Les retraites ne font pas recette
La situation est contrastée selon les branches de la Sécurité Sociale. La branche consacrée aux accidents du travail et des maladies professionnelles affiche un excédent de 1,7 milliards d’euros, 400 millions d’euros de plus qu’en 2021 mais 300 millions de moins que prévu. L’excédent de la branche famille n’est que de 1,9 milliards, contre 2,9 milliards en 2021. A l’inverse, la branche autonomie affiche 200 millions d’euros d’excédent, alors que le PLFSS tablait sur un déficit de 400 millions.
Mauvaise nouvelle pour les finances sociales, mais bonne pour les partisans de la réforme des retraites, ce sont la branche vieillesse et le FSV qui sont responsables de ce résultat global quelque peu décevant. La branche vieillesse affiche ainsi un déficit de 3,8 milliards d’euros, plus de trois fois plus qu’en 2021 (1,1 milliards), tandis que l’excédent du FSV n’est que de 1,3 milliards alors que le gouvernement tablait sur 500 millions d’euros supplémentaires. Selon le ministère des finances, ces mauvais chiffres sont en partie dues à un « nombre de départs à la retraite plus important que prévu ».
De quoi apporter de l’eau au moulin de
l’exécutif en pleine bataille des retraites.
Quentin Haroche
