
Bordeaux, le mercredi 18 mai 2022 – Les urgences du CHU de Bordeaux seront désormais réservées aux patients les plus graves entre 20 heures et 8 heures !
C’est un nouveau symptôme de la pénurie de médecins qui touche l’hôpital public français. De plus en plus de services hospitaliers sont obligés de fermer temporairement ou d’assurer un service « dégradé » (sic). A l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, le manque de personnel a contraint la direction à aménager l’accès aux urgences
A compter de ce mercredi, entre 20 heures et 8 heures, seuls les patients qui arriveront avec le SAMU ou qui auront préalablement appelé le 15 pour y être envoyé par un médecin régulateur pourront accéder aux services des urgences de l’hôpital.
Accueilli aux urgences par un interphone
Jusqu’à 22 heures, les patients qui arriveront par leur propre moyen sans avoir été régulés seront accueillis par des bénévoles de la Protection civile qui les inviteront à appeler le 15. A compter de 22 heures, les portes des urgences seront tout simplement fermés (!) et les patients seront mis en contact avec un médecin régulateur du 15 via un interphone.
Grâce à cette décision drastique, le CHU Pellegrin espère « faire baisser de 30 personnes le nombre de patients par jour » explique le Pr Nicolas Grenier, président de la CME, « ce qui va permettre d’alléger la charge de travail des médecins, qui est beaucoup trop lourde aujourd’hui ».
Les effectifs de l’hôpital sont en tension depuis l’été 2021. La crise sanitaire a entrainé une série de démissions, de non-renouvellement de contrats, sans compter les arrêts maladie, les burn-out et l’absentéisme. Environ la moitié des effectifs nécessaires manquerait à l’appel, alors que le nombre de patients arrivant aux urgences augmente.
Les urgences pédiatriques restent ouvertes…pour le moment
« On n’a pas entendu l’alerte de l’ensemble des professionnels », dénonce Gilbert Mouden, infirmier et syndicaliste Sud Santé. « On fait travailler des gens à plein régime sur des gardes de 12 heures, voire même de 24 heures pour certains médecins, on les amène à l’épuisement » explique-t-il. Selon lui, « 40 % des médecins urgentistes sont sur le départ ou en arrêt de travail en lien avec des burn out ».
Les urgences de l’hôpital Pellegrin se concentreront donc désormais sur les cas les plus graves (AVC, polytraumatisme, grands brulés…). Les autres patients devront être envoyés vers d’autres services des urgences qui continuent de tourner à plein régime, comme celui de l’hôpital Saint-André ou des cliniques privées de Bordeaux.
D’autres hôpitaux de la région Nouvelle-Aquitaine, comme celui de Jonzac ou l’hôpital interarmées de Bordeaux, ont adopté un système similaire à celui de l’hôpital Pellegrin ou ont limité le nombre de jours d’ouverture des urgences.
En revanche, les urgences pédiatriques de l’hôpital Pellegrin
continueront à accueillir tous les patients la nuit. « La
problématique est exactement la même aux urgences pédiatriques
» s’inquiète cependant Gilbert Mouden, qui explique que
l’intégralité du service n’est tenue que par un seul interne en
chirurgie et que certains enfants doivent attendre plus de 12
heures avant d’être pris en charge.
Nicolas Barbet