Shangaï retrouve le goût d’une liberté relative

Shangaï, le mercredi 1er juin 2022 - Pour un Européen, les images en provenance de Shangaï présentent un curieux sentiment de déjà-vu. Après plus de deux mois d’un confinement strict dont la rigueur a semblé presque anachronique dans un pays largement vacciné contre la Covid-19, les habitants de la mégalopole regouttent à une relative liberté.

Certes, les musées, cafés et espaces de jeux ne sont pas encore ouverts et seuls les camions de la police ou de l’armée sont autorisés circuler sur les routes. Mais pour la première fois depuis de longues semaines, les habitants sont autorisés à sortir pour des joies élémentaires du quotidien : se promener, faire du sport, sortir son chien.

Il faut dire que le confinement mis en place avait été particulièrement drastique. Enfermés chez eux, les habitants ont dû compter sur les distributions alimentaires aléatoires du gouvernement provoquant, dans l’une des villes les plus riches du monde, des émeutes de la faim.

Déconfinement progressif

Sur le front sanitaire, les autorités chinoises font savoir que les objectifs fixés pour permettre un déconfinement ont été remplis. Mardi 31 mai, vingt-neuf cas de Covid-19 ont été recensés dans l’agglomération contre plus de 27 000 mi-avril. Des chiffres bien inférieurs à ceux affichés quotidiennement dans les plus grandes nations d’Europe où les restrictions ont quasiment toutes été levées depuis plusieurs semaines.

Le déconfinement de la ville est toutefois limité géographiquement. Plusieurs centaines de milliers d’habitant résidant dans des quartiers supposés « à risque » resteront enfermés.

Comme les européens il y a deux ans, les habitants de Shangaï semblent faire un usage presque prudent ou craintif de leurs libertés face à un déconfinement qui se veut très progressif. Les correspondants de la presse internationale sur place décrivent l’atmosphère irréelle d’une ville à l’arrêt.

Pour l’instant, le contrôle de la population est encore aléatoire. Alors que les habitants des districts périphériques peuvent circuler librement dans leur quartier depuis des semaines, ceux du centre, plus touchés par la Covid-19, ont été libérés au compte-gouttes. Un parfum d’arbitraire flotte sur la ville.

Désastre économique

Les autorités ont toutefois averti que le retour à la normale n'était pas pour tout de suite. Centres commerciaux, supérettes, pharmacies et salons de beauté ne peuvent fonctionner qu'à 75% de leur capacité. Les salles de sport et cinémas resteront fermés et la réouverture des établissements scolaires se fera au cas par cas.

Une situation qui a un impact économique considérable sur le pays, mais aussi sur le reste du monde. Mercredi 25 mai, le premier ministre, Li Keqiang, a tenu une réunion en ligne avec tous les niveaux de gouvernement en Chine, des provinces jusqu’aux comtés, soit environ 100 000 responsables locaux. Le numéro deux chinois a dressé un tableau particulièrement noir de la situation : « Beaucoup de petites et moyennes entreprises et les autorités locales m’ont dit qu’ils vivaient leur période la plus difficile », a affirmé le dirigeant, avant de pousser les responsables locaux à faciliter la reprise de l’activité.

La mise sous cloche de Shanghai a fragilisé l'économie chinoise , pénalisé la production, limité la consommation et perturbé lourdement les chaînes d'approvisionnement, provoquant des pénuries à l’échelle mondiale. Au mois d’avril, les ventes de détail, une mesure de la consommation, ont chuté de 11 % par rapport à l’année passée en Chine et la production industrielle a reculé de 3 %. C’est la première baisse depuis les confinements du début de 2020.

La mise sous cloche de la ville a également donné lieu à des signes d’exaspération inhabituels de la population face à la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. 

Le confinement de Shangaï a été le deuxième plus long en Chine depuis celui de Wuhan, première ville au monde touchée par la maladie il y a plus de deux ans.

C.H.

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