
Toulouse, le samedi 26 novembre 2022 - Premier mondiale : le
17 septembre, lors d’une opération de six heures, les équipes ORL
du CHU de Toulouse et de l’Institut Claudius Regaud ont réalisé à
l’Institut universitaire du cancer de Toulouse-Oncopole une
intervention chirurgicale consistant à reconstruire totalement le
nez d’une patiente à partir d’un greffon synthétique (conçu par une
imprimante 3D) préalablement implanté dans son avant-bras pour le
vasculariser.
« Je respire mieux, je sens à nouveau l’odeur du café le
matin, je revis presque normalement » raconte Karine au journal
Le Monde qui a mis en lumière cette prouesse chirurgicale réalisée
par le Pr Agnès Dupret-Bories et le Dr Benjamin Vairel.
A la suite du traitement d’un carcinome épidermoïde des
cloisons nasales, cette patiente avait perdu une partie importante
de son nez ainsi que la région antérieure de son palais. Pendant
plus de quatre ans, elle a ainsi vécu sans nez, confrontée à des
échecs de reconstruction nasale par greffe de lambeaux et du port
d’une épithèse.
« Le premier défi consistait à fabriquer un greffon d’un
nouveau type, médicalement et technologiquement », souligne
Agnès Dupret-Bories. « Nos pièces sont fabriquées avec des
imprimantes 3D et la technique dite de stéréographie, la plus
précise, permettant d’intégrer des porosités, des canaux pour les
vaisseaux sanguins », précise Valentin Henriet, ingénieur
clinique de la société Cerhum qui a participé à la fabrication du
nez avec de l’hydroxyapatite. Ce biomatériau a dans un premier
temps été mis en nourrice (implanté) au niveau de l’avant-bras de
la patiente.
En septembre 2022, deux mois après cette implantation, la
colonisation du dispositif médical est apparue complète. Le «
nez » a ainsi pu être transplanté et revascularisé avec succès
par microchirurgie avec anastomose des vaisseaux de la peau du bras
sur des vaisseaux de la tempe de la patiente. Après dix jours
d’hospitalisation et trois semaines d’antibiotiques, la patiente se
porte très bien.
Une première qui ouvre des perspectives selon la société
Cerhum : « cette technique sera développée pour le dentaire,
pour remplacer les os, socles des dents. Mais nous travaillons
également sur l’orthopédie et certainement, à l’avenir, sur tout ce
qui concerne la chirurgie de la colonne vertébrale » rapporte
la firme. « Certains de nos patients nous demandent déjà de
bénéficier de cette technique et on reçoit des coups de fil du
monde entier », confie quant à elle Agnès Dupret-Bories.
Xavier Bataille