
Paris, le mardi 20 septembre 2022 – Le syndicat SAMU-Urgences
de France (SUdF) a réalisé une évaluation des mesures de la mission
flash mises en place cet été aux urgences.
Difficile position que celle du syndicat Samu-Urgences de
France (SUdF), qui se retrouve désormais à devoir juger l’action
menée par son ex-président devenu ministre de la Santé, le Dr
François Braun. Le syndicat a ainsi mené une enquête en ligne
auprès des services d’urgence et des samus de France, entre le 27
août et le 3 septembre, « afin de mesurer la mise en œuvre et
l’intérêt des différentes mesures » mises en place au cours de
l’été pour éviter la saturation des urgences, dans le cadre de la
fameuse mission flash. Et de déterminer ainsi lesquelles doivent
être pérennisées.
Le syndicat défend la généralisation de la régulation par le 15
Sur les 171 services d’urgence interrogés par le syndicat, 25
% ont été contraints durant l’été de restreindre partiellement ou
totalement l’accès au service. « Tous les établissements ayant mis
en place une solution de restriction d’accès l’ont accompagnée par
la mise en place d’une solution de régulation médicale » note le
syndicat. Pour les auteurs du rapport, qui rejoignent ainsi la
position du ministre de la santé, cette politique de régulation
médicale en amont doit être pérennisée et généralisée à l’ensemble
du territoire. Les syndicalistes notent « le rôle central » joué
par les SAMU 15 dans cette régulation. « Une généralisation du
dispositif doit être envisagée à terme afin de réserver l’accès au
SU aux patients relevant de ce niveau de soins » lit-on dans le
rapport.
Si le SUdF soutient donc la politique de régulation médicale,
elle note de nombreux manquements dans le dispositif. L’activité
des centres d’appels du SAMU a ainsi augmenté de 20 % au cours du
mois d’août mais seulement 36 % des centres ont effectivement reçu
des renforts de personnel au cours de l’été. Le syndicat demande
donc une évolution de « l’exercice professionnel du métier d’ARM
(assistant de régulation médicale), notamment pour en améliorer
l’attractivité par une reconnaissance comme profession de santé et
par une revalorisation d’exercice ». Le syndicat dénonce également
un manque de communication entre le SAMU et les hôpitaux :
seulement 40 % des centres SAMU-15 avaient accès à un dispositif
leur permettant de savoir si une structure était fermée ou en
incapacité de recevoir un patient.
Le manque de lits d’aval, un « problème crucial »
Autre trou dans la raquette, le manque de lits d’aval, «
problème crucial de dysfonctionnement des services d’urgence »
selon le syndicat. Le besoin journalier minimal en lits (BJML), un
indicateur pourtant obligatoire depuis décembre 2019, n’est diffusé
que dans 25 % des services d’urgence. Même parmi les hôpitaux qui
disposent de cet indicateur, seulement 40 % l’utilisent dans la
gestion du nombre de lits et l’évaluation de l’aval des urgences.
90 % des professionnels de santé ayant répondu à l’enquête du SUdF
préconisent pourtant de mettre en adéquation l’aval des services
d’urgence avec le BJML.
Révision de la procédure de nomination des PADHUE (médecins
étrangers à diplôme non européens), déploiement du SAS sur tout le
territoire, pérennisation des mesures de revalorisation de la
pénibilité de la permanence des soins : les propositions du
syndicat des urgentistes sont nombreuses. Mais dans l’ensemble, il
semble valider les orientations choisies par son ancien
président.
Quentin Haroche