
Harcèlement moral et lutte de clans
Après la vive émotion, très vite, des soupçons de harcèlement
moral ont émergé et une association créée pour défendre sa mémoire,
tandis que le 19 février 2016, sa veuve déposait plainte auprès du
parquet de Paris. A l'occasion de leur enquête, les policiers de la
Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP)
ont révélé des accusations de harcèlement moral dans un contexte de
luttes de clans. Une enquête de l'Inspection générale des affaires
sociales (IGAS), saisie par la ministre de la Santé de l'époque,
Marisol Touraine, listait « cinq manquements de portée
inégale » dans le traitement d’un conflit qui avait débuté en
2012.
Cette année-là, le Pr Mégnien avait vu lui échapper le poste
de chef de service du centre de médecine préventive
cardio-vasculaire, qu’il estimait lui avoir été promis. Au fil des
mois, le praticien hospitalier avait progressivement fait l’objet
d’une « mise à l’écart médicale », relevait l’IGAS qui se
traduisait également par une mise à l’écart physique (changement de
bureau, etc…).
Un de ses confrères décrivait ainsi au Monde en janvier
2016 la « descente aux enfers » vécue par le praticien à qui
les infirmières et secrétaires du service avaient pour consigne de
ne plus lui adresser la parole.
Dans son rapport, l’IGAS constatait aussi l’absence ou le
retard dans le signalement et l’évaluation de cette situation à
risque, le défaut d’alerte de la médecine du travail et de réunion
avec l’ensemble des protagonistes ou encore la «
non-structuration de la gestion du conflit » au sein de
l’AP-HP et de l’université.
Aussi, au cours des cinq ans d’instruction, l'AP-HP,
l'ancienne directrice de l'hôpital, Anne Costa, et trois
professeurs de médecine responsables hiérarchiques du cardiologue
ont été mis en examen pour "harcèlement moral".
Aussi, nous apprenions hier que le 30 juillet dernier, deux
juges d'instruction ont ordonné leur renvoi devant le tribunal
correctionnel.
X.B.