
C’est pour arriver à préciser l’objectif tensionnel à
atteindre chez un patient hypertendu que le National Institute
of Health a conçu et réalisé l’étude SPRINT. Cet essai contrôlé
randomisé, multicentrique ouvert, mené dans 102 sites
principalement aux États-Unis a inclus des adultes âgés de 50 ans
ou plus avec une pression artérielle (PA) systolique supérieure à
130 mm Hg, mais sans diabète, sans antécédents d’AVC ou de démence.
Les participants ont été assignés au hasard à un objectif de
pression artérielle systolique de moins de 120 mm Hg (traitement
intensif) contre moins de 140 mm Hg (traitement standard), avec
utilisation des principales classes d'agents antihypertenseurs.
Interrompue après un peu plus de 3 ans de suivi du fait de la
supériorité du traitement intensif ayant pour résultat principal
une diminution de l’ensemble des complications cardiovasculaires de
25 % et de la mortalité totale de 27 %. En ce qui concerne l’étude
ancillaire traitée ici, un sous-groupe de participants du groupe
SPRINT a parallèlement été sélectionné pour une analyse des
domaines cognitifs spécifiques lors du traitement de
l’hypertension.
Chaque participant a ainsi été évalué au départ et tous les
deux ans au cours du suivi prévu de 4 ans avec une batterie
de tests cognitifs: scores composites standardisés pour la mémoire
(Logical Memory I et II, Modified Rey-Osterrieth Complex Figure
[rappel immédiat], et Hopkins Verbal Learning Test-Revised
[rappel différé]), vitesse de traitement (Trail Making Test et
Digit Symbol Coding). Quels sont les résultats au terme de
l’étude ?
Pas d’effet significatif du traitement intensif sur les scores de mémoire et de vitesse du traitement de l’information
Les 2 921 participants enrôlés dans la sous-étude avaient un
âge moyen de 68,4 ans, et il y avait 37 % de femmes (1 080 femmes)
; 1 448 prenaient le traitement intensif et 1 473 le traitement
standard. Au terme de l’essai, il n'y avait pas de différence sur
les scores de mémoire entre les groupes, avec une baisse annuelle
du score moyen standardisé de −0,005 (intervalle de confiance à 95
% IC à 95% −0,010 à 0,001) dans le groupe de traitement intensif et
de −0,001 (–0,006 à 0,005) dans le groupe de traitement standard
(différence entre les groupes −0,004, IC à 95% −0,012 à 0,004 ; p =
0,33). Les scores moyens standardisés pour le domaine de la vitesse
de traitement de l’information ont diminué davantage dans le groupe
de traitement intensif (différence entre les groupes −0,010, IC à
95% −0,017 à −0,002 ; p = 0,02), avec une baisse annuelle de −0,025
(–0,030 à −0,019) pour le groupe de traitement intensif et −0,015
(–0,021 à 0,009) pour le groupe de traitement standard.
Anne-Céline Rigaud