
Les poussées évolutives de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) nécessitent souvent une hospitalisation en urgence, dans la mesure où elles peuvent s’accompagner d’une insuffisance respiratoire aiguë (IRA). Le pronostic vital peut d’ailleurs être mis en jeu et il n’est pas rare de recourir à la ventilation assistée pour faire face à la gravité de la situation. Comment la prédire à partir de variables cliniques et biologiques simples regroupés dans un score facile à calculer ? C’est à cette question que répond une étude transversale de grande envergure dans laquelle ont été inclus 88 074 patients victimes d’une poussée évolutive de BPCO entre 2004 et 2006 et répartis en deux cohortes, l’une pour rechercher les bonnes variables et le bon score, l’autre pour valider ce dernier.
La mortalité en cours d’hospitalisation a été estimée à 2 %. Trois variables pronostiques particulièrement discriminantes ont été identifiées :
1) urée sanguine > 0,25 g/l ;
2) apparition de troubles mentaux aigus ;
3) pouls > 109/mn.
En l’absence de ces facteurs de risque chez un patient âgé de moins de 65 ans, le pronostic s’est avéré favorable. Leur présence simultanée chez un malade a été associée à une mortalité qui a atteint respectivement 13,1 % et 14,6 % dans les deux cohortes versus 0,3 % en leur absence (p< 0,001) chez un patient d’âge < ou = 65 ans. L’AUROC (area under the receiver operating curve) au sein des deux cohortes a été respectivement estimé à 0,72 et 0,71. Une valeur comparable, en l’occurrence 0,77, a été obtenue pour ce qui est du recours à la ventilation assistée.
En bref, face à une BPCO décompensée, un score clinique simple et validé permettrait d’estimer le risque de décès et le recours à la ventilation mécanique assistée. La prise en charge devrait s’en trouver facilitée.
Dr Philippe Tellier