Un appel mondial contre les pseudo-thérapies

Paris, le mardi 20 octobre 2020 – Une litanie de noms. Des hommes, des femmes, des enfants. Partout à travers l’Europe. Morts de différentes pathologies sans avoir reçu des traitements qui auraient pu les sauver. Ils avaient été orientés vers de pseudo-traitements, sans pouvoir mesurer le danger qui les menaçait.

Une menace réelle

Cette liste ouvre le texte de l’appel signé hier par dix collectifs européens œuvrant contre les fausses thérapies (encore appelées « fakemed ») ou encore pour le développement de la pensée critique. Elle veut témoigner que la lutte contre ces pseudo-traitements n’est pas uniquement un combat théorique. Ce combat a pour premier objectif d’éviter des décès, facilités par les fausses promesses des pseudothérapies.

Pas une atteinte au libre choix, une sanction des mensonges et tromperies

Les auteurs de cette tribune, dont en France, le Collectif Fakemed, dont la mobilisation a joué un rôle dans le déremboursement de l'homéopathie en France, insistent : il ne s’agit nullement de remettre en cause le libre choix du patient. Il s’agit de dénoncer les supercheries et les mensonges de ceux qui dissimulent l’inefficacité de leurs thérapies. « Il se dit que l’éviction des pseudo-thérapies s’oppose à la liberté de chacun de choisir ses traitements médicaux, mais il n’en est rien. Selon l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’accès aux soins médicaux est un droit. Mentir aux malades pour leur vendre des produits inutiles et pouvant les tuer est une violation du droit des individus à recevoir des informations loyales sur leur santé. Ainsi, tout citoyen peut renoncer à un traitement médical à la condition qu’il ait été correctement informé, mais personne n’a le droit de lui mentir pour le détourner de soins efficaces et obtenir un gain financier aux dépens de sa vie » écrivent de façon claire les signataires de ce texte.

Des gouvernements complices

L’appel n’est pas seulement une dénonciation ; il porte une demande concrète aux autorités sanitaires nationales et internationales : abroger les réglementations qui permettent que les fausses thérapies puissent être considérées, commercialisées et/ou administrées comme de véritables médicaments ou des pratiques validées. « La directive européenne 2001/83/CE a permis – et permet toujours – de tromper quotidiennement des centaines de milliers de citoyens européens. Il a été offert à de puissants lobbies de redéfinir ce qu’est un médicament, leur permettant de vendre du sucre à des personnes malades en leur faisant croire qu’il peut les guérir ou améliorer leur santé » assène ainsi très sévèrement la tribune. Si elle cite à plusieurs reprises l’homéopathie, la tribune cependant précise qu’elle n’est pas la seule pratique non fondée sur les sciences qui doit susciter l’inquiétude et la vigilance des autorités : « plus de 150 pseudo-thérapies sévissent sur notre territoire » signale le texte. Il rappelle par ailleurs que la menace est loin d’être marginale compte tenu de l’engouement d’une importante partie de la population et le fréquent recours aux fausses thérapies.

Le bon message… le bon moment ?

Le texte ne revient qu’en filigrane sur certaines des causes à l’origine de l’attractivité des pseudothérapies, dont la défiance vis-à-vis de la médecine (renforcée par différents scandales récents) et le poids de la désinformation. Ainsi, un grand nombre de médias n’hésitent pas à mettre régulièrement sur un pied d’égalité des pratiques alternatives non fondées et les véritables traitements médicaux ; une publicité trompeuse nécessairement dangereuse. Nous l’avons déjà écrit mille fois l’ignorance de la démarche scientifique favorise tant ces messages que la confiance des patients. Cependant, avec cet appel, les signataires de la tribune souhaitent aujourd’hui dépasser le diagnostic, pour en venir à une action véritable. La période actuelle, qui a une nouvelle fois conduit à mettre en évidence la complexité d’une science médicale toujours en train de se construire et à la recherche de preuves (sur la question des masques, de la transmission de SARS-CoV-2, du traitement de la covid, etc) est-elle la période la plus propice pour transmettre un tel message de fermeté, de fait indispensable ? A suivre.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (2)

  • Un escroquerie

    Le 22 octobre 2020

    Le collectif "fakemed" s'est appuyé sur une méta-analyse australienne dont la conclusion était que l'homéopathie n'était pas plus efficace qu'un placebo. Diffusion mondiale...

    Mais ce rapport était une escroquerie: favorable à l'homéopathie dans sa première version, il a vu ses critères modifiés en cours d'étude pour ne devenir qu'un rapport à charge, toutes les études démonstratives étant écartées sur des critères (nombre de participants inf à 150) jamais retenus pour les autres études. Inadmissible changement de méthodologie en cours d'étude pour introduire des biais volontaires !

    Depuis, cette étude à charge a été officiellement désavouée par le gouvernement australien et les conclusions de la première étude, réhabilitée, sont:"’il existe des « preuves encourageantes » de l’efficacité des traitements homéopathiques pour au moins cinq cas cliniques : fibromyalgie, otite moyenne, obstruction intestinale postopératoire, infections respiratoires, et gestion des effets secondaires des traitements anticancéreux."

    Mais plus personne ne parle de cette manipulation. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.

    Dr Jean-Jacques Perret

  • La forme et le Fond

    Le 25 octobre 2020

    Le Jim nous indique que : " Lorsque cela est nécessaire et possible, les réactions doivent être référencées (notamment si les données ou les affirmations présentées ne proviennent pas de l’expérience de l’auteur)." Les commentateurs le font exceptionnellement . Cette rêgle est pourtant universelle

    Dr Perret : Consacrer 14 lignes à "une métaanalyse australienne" sans nous en indiquer la référence est probablement reposant.

    Une autre version eu été de partager cette référence puis que chacun se fasse alors son idée APRES l'avoir consultée. Et non AVANT de l'avoir fait.
    Ceci suppose bien entendu que le travail évoqué ait été lu ou au moins parcouru et non colporté.

    Dr JP Bonnet

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