
Le nivolumab et le pembrolizumab sont des anticorps monoclonaux qui ont montré une certaine efficacité après échec de chimiothérapies à haute dose, autogreffes de cellules souches et traitement par brentuximab védotine. Cependant les réponses complètes (RC) sont rares et pour la plupart des patients, on constate une progression dans les 18 mois. Le tislelizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui se lie au domaine extracellulaire de PD-1 avec une grande affinité et spécificité, bloquant la liaison de PD-L1 et de PD-L2. Il a été spécifiquement conçu pour minimiser la liaison au récepteur Fc des macrophages, abrogeant la phagocytose anticorps dépendante qui est un mécanisme potentiel de clairance des cellules T et de résistance au traitement anti-PD-1.
L’étude rapportée ici est une phase 2 conduite chez 70 patients chinois atteints de lymphome de Hodgkin classique en rechute ou réfractaire. Les critères d’inclusion étaient : échec ou progression après autogreffe de cellules souches, au moins 2 lignes de chimiothérapie et inéligibilité à l’autogreffe. Tous les patients ont reçu 200 mg de tislelizumab IV toutes les 3 semaines jusqu’à progression, toxicité inacceptable ou fin de l’étude. Cette dose uniforme a été déterminée après analyse pharmacocinétique au cours d’une phase 1.
Les patients sont âgés de 18 à 69 ans (médiane 32) et ont un score OMS de 0 ou 1. Le nombre médian de cycles administrés était de 13 avec une dose intensité de 100 %.
87 % de réponses, complètes chez 63 % des patients
Une réponse objective a été observée chez 87 % des patients
avec 63 % de RC. L’analyse par sous-groupes montre que chez les
patients ayant été autogreffés, le taux de réponse est de 92,3 %
avec 69,2 % de RC. Le temps médian de réponse était de 12 semaines.
Après un suivi médian de 9,6 mois la survie sans progression
n’est pas atteinte. Elle est de 74,5 % à 9 mois.
Presque tous les patients (93 %) ont eu au moins un effet
indésirable (EI), de grade 1 ou 2 dans la majorité des cas. Des EI
de grade 3 ou 4 ont été rapportés chez 21,4 % des patients. Les EI
les plus fréquents étaient la fièvre (54,3 %), une hypothyroïdie
(32,9 %), une prise de poids (30 %), une infection respiratoire
haute (30 %), une leucopénie (18,6 %),une toux (17,1 %), un prurit
(17,1 %).
La survie à 5 ans des patients ayant une maladie
chimiorésistante après autogreffe de cellules souches est seulement
de 17 %. Les options thérapeutiques sont alors le brentuximab
védotine et les anti-PD-1.
Pr Gérard Sébahoun