
Parallèlement à la crise sanitaire liée à la Covid-19, on a remarqué au Canada, à l’instar d’autres pays, une « augmentation marquée » des troubles dépressifs, anxieux, comme de la consommation de produits nocifs et d’autres problèmes psychiques chez les adolescents. Dans le sillage de ce regain de morbidité psychiatrique, une étude a permis d’examiner les distributions démographiques et géographiques des idées suicidaires et de l’automutilation délibérée (deliberate self-harm) et les associations entre la santé mentale et la consommation de substances avec les idées suicidaires et l’automutilation délibérée.
Un problème d’une ampleur préoccupante
Réalisée sous la forme d’un sondage en ligne entre juin et juillet 2020, cette enquête porte sur 809 adolescents canadiens âgés de 12 à 18 ans. Certes, ce type d’étude peut souffrir en partie d’un biais de sélection, car les sujets les plus concernés par ces problèmes risquent de répondre plus volontiers à une enquête sur un thème les concernant. Mais ce biais ne suffit sans doute pas à expliquer complètement l’ampleur préoccupante des résultats observés : 44 % de ces jeunes déclarent « avoir connu des idées suicidaires depuis le début de la pandémie » et près du tiers (32 %) déclarent « s’être livrés à une automutilation délibérée. »
Les auteurs constatent que ces deux phénomènes (idées suicidaires et automutilation volontaire) se révèlent plus fréquents chez les jeunes s’identifiant comme transgenres, non binaires ou fluides de genre, chez ceux ne résidant pas avec leurs deux parents et chez ceux évoquant des problèmes psychiatriques ou une consommation fréquente de cannabis.
Reconnaître les signes avant-coureurs
Notons que ce qualificatif « non-binaire » fait référence à un sujet « ne se reconnaissant pas dans le genre assigné officiellement à sa naissance, mais pas entièrement non plus dans le genre opposé », en pratique une personne « non-binaire » déclare se situer « en dehors des normes du féminin et du masculin. » Confortés par cette étude confirmant l’aggravation d’une morbidité psychiatrique « COVID-19 dépendante » chez les adolescents canadiens, les auteurs estiment donc important que les adultes susceptibles d’interagir avec des jeunes en détresse soient conscients de signes avant-coureurs et veillent à les orienter vers des services de santé mentale.
Dr Alain Cohen