Un homme de 300 kilos bloqué chez lui à Perpignan

Perpignan, le lundi 26 octobre – Un homme de 300 kilos demande aux services de l’État de l’évacuer de son appartement depuis plusieurs mois, en vain.

Pour lui, le confinement est permanent. Un homme de 52 ans n’a pas quitté son appartement à Perpignan depuis le mois de janvier. Pas par crainte du coronavirus ou par agoraphobie. Cet homme qui pèse entre 250 et 300 kilos est tout simplement incapable de sortir de chez lui. Victime d’une chute en début d’année qui aurait provoqué une fracture de la jambe, il est depuis bloqué au sol, incapable de se lever. Selon son frère, qui lui rend visite régulièrement pour lui venir en aide, Alain P. vit au milieu de détritus dans un appartement insalubre du centre historique de la ville. Il n’aurait reçu la visite d’aucun médecin depuis le mois de juillet.

Une première évacuation annulée

Depuis plusieurs mois, son avocat, Maître Jean Codognès, se mobilise pour obtenir son évacuation par les services de l’État. Le 4 août dernier, un protocole d’évacuation avait été signé entre les deux frères, la préfecture et la mairie. L’opération était prévue pour le mois de septembre. En raison du poids du malade et de la vétusté et de l’exiguïté des lieux, de lourds travaux de préparation étaient nécessaires. Les services municipaux avaient en effet prévu d’étayer le plancher, d’agrandir la fenêtre et d’utiliser une grue et un brancard spécial.

Mais deux mois plus tard, rien n’a été fait. Selon l’avocat d’Alain P. le blocage proviendrait des hôpitaux. Il aurait en effet été prévu au départ que le patient soit hospitalisé dans un service spécialisé dans la prise en charge des personnes souffrant d’ obésité morbide, au CHU de Montpellier ou de Toulouse. Mais ces hôpitaux auraient finalement renoncé à prendre en charge le patient.

L’avocat en appelle au gouvernement…

« Je suis absolument effondré par l’efficacité des services de l’État » a expliqué Maître Codognès. « Je pense qu’il y a un problème d’autorité de l’Etat qui n’est pas capable d’exiger du CHU de Montpellier ou de Toulouse que cet homme soit secouru ». L’avocat craint désormais pour la vie de son client, qui souffre d’œdèmes et de « stagnation liquidienne sévère » en raison de sa longue immobilisation. Pour lui, l’évacuation d’Alain P est « urgente ». « Je demande que l’on mette fin à ce cinéma ».

Les nouvelles restrictions sanitaires et le possible reconfinement pourrait malheureusement retarder encore un peu plus l’évacuation et le sauvetage d’Alain P. Maître Codognès a donc décidé de médiatiser l’affaire et de lui donner un tour politique. Il en appelle désormais directement au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, à qui il a envoyé une lettre jeudi dernier. Il souhaite que le ministre s’empare de la question et mette tout en place pour que cet homme soit sauvé le plus vite possible. Si rien n’est fait, Maître Codognès menace de déposer plainte pour « non-assistance à personne en péril ».

…tout comme la Ligue contre l’obésité

Alain P. et son avocat ont en tout cas trouvé un allié de poids (sans mauvais jeu de mot) en la Ligue de l’obésité. L’association a publié un communiqué ce lundi dénonçant l’inertie de l’État dans cette affaire. « Nous sommes scandalisés par cette situation sanitaire dégradante qui n’a que trop duré » écrit Agnès Maurin, directrice de la Ligue. Dans son communiqué, l’association explique avoir adressé un courrier au Premier Ministre Jean Castex et au ministre de la Santé Olivier Véran pour qu’ils s’emparent de la question. La Ligue menace elle aussi de porter plainte pour « non-assistance à personne en danger » et « mise en danger de la vie d’autrui ».

La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Mais entre le coronavirus et la lutte contre le terrorisme islamique, on craint que l’exécutif n’ait que peu de temps à consacrer au cas de cet homme abandonné à son sort depuis plus de 9 mois.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (1)

  • Tout le monde ou personne

    Le 29 octobre 2020

    Triste cette situation. Encore plus de voir qu'aucun responsable officiel (maire, qui a les prérogative d'officier de police judiciaire ou préfet) ne réquisitionne les services concernés quels qu'ils soient ; d'autant que la procédure a déjà été élaborée d'après cet article !

    J'ai déjà été menacé de refus de prise en charge par des structures hospitalières, je ne l'ai jamais fait mais si besoin je donnerais la consigne :" débarquez au service des urgences, et si le patient est refusé faites vous le notifié par écrit par le chef de service et contre signé par le directeur de l'hôpital, pour dépôt de plainte immédiat."

    Triste de devoir passer par la case média et judiciaire, très triste pour le patient et sa famille, honteux pour ceux qui se reconnaitront.

    Dr F Chassaing

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