
La dermatite atopique (DA) touche environ 20 % des enfants et
adolescents et 5 à 10 % des adultes. Derrière cette prévalence
élevée se cache des degrés d’atteinte différents de léger à modéré
et de modéré à sévère. Si le premier niveau de gravité est
accessible à des traitements topiques généralement efficaces, il
n’en est pas vraiment de même pour les formes modérées à sévère
pour lesquelles des traitements systémiques doivent être envisagés
quand les traitements locaux sont en échec.
Parmi ces traitements systémiques les immunosuppresseurs
(ciclosporine, méthotrexate voire aziathropine) ont une action
relativement modeste avec des effets secondaires qui en limitent
l’utilisation à long terme. L’emploi du dupilumab, anticorps
monoclonal dirigé contre la sous unité du récepteur alpha de
l’interleukine 4 qui bloque l’IL3 et l’IL4, seule biothérapie
approuvée dans le traitement de la DA se heurte à la difficulté
d’administration (injections sous cutanées), aux effets
secondaires, à l’absence de réponse constante et à un échappement
possible après un succès initial du traitement. C’est dire que
d’autres options sont ardemment souhaitées.
L’une d’entre elle pourrait être un inhibiteur sélectif de
Janus kinase 1 (JAK1) administré par voie orale, appelé
abrocitinib.
L’inhibition de JAK1 conduit à une modulation des
interleukines (IL3 et IL4 et d’autres encore), impliquées dans la
pathogénie de la DA et du prurit.
Les résultats d’une nouvelle étude de phase 3 sont présentés
dans un numéro récent du JAMA Dermatology. Il s’agit bien
sûr d’un essai en double aveugle randomisé contre placebo, sur des
patients de plus de 12 ans avec une DA modérée à sévère présente
depuis plus d’un an et n’ayant pas répondu à un traitement topique
de plus de 4 semaines sur 6 mois.
Étendue de la dermatose réduite de 75 % pour près de deux tiers de patients sous 200 mg/j d’abrocitinib
Ces 391 patients (229 hommes, âge moyen 35,1 ans (DS 15,1) ont
été recrutés à partir de 115 centres dans le monde entre juin 2018
et Août 2019.
Ils ont été randomisés (2 :2 :1) pour recevoir de
l’abrocitinib à la dose orale quotidienne de 200 mg (n = 155) ou
100 mg (n = 158) ou un placebo (n = 78) pendant 12
semaines.
Les investigateurs avaient pour objectifs principaux de
déterminer à la 12e semaine de traitement
:
- la proportion de patients parvenant à un score IGA (Investigator Global Assessment) de 0 (blanchi) ou 1 (presque blanchi) avec une amélioration d’au moins deux degrés du grade de sévérité ;
- et la proportion de patients présentant une amélioration d’au moins 75 % de l’Eczema Area Severity Score (EASI-75).
Les autres éléments examinés étaient l’évolution du prurit, le
pourcentage de patients parvenant à un EASI-90, Les effets
secondaires.
Parmi les patients dont les données étaient disponibles à la
12e semaine, un nombre plus important dans
les groupes abrocitinib sont parvenus à l’IGA 0 ou 1 et à l’EASI-75
(score IGA 0 ou 1 : 59/155 [38,1 %] et 44/155 [28,4 %] dans les
groupes abrocitinib 200 et 100 mg, vs 7/77 [9,1 %]
dans le groupe placebo ; EASI-75 94/154 [61,0 %]et 69/155 [44,5 %]
vs 8/77 [10,4 %] respectivement).
Une centaine de patients dans les groupes abrocitinib ont eu
des effets secondaires (42 dans le groupe placebo). Ceux-ci n’ont
été sérieux que pour deux malades prenant 200 mg d’abrocitinib, 5
sous 100mg et sous placebo. Cinq cas de thrombocytopénie ont été
constatés dans le groupe sous 200 mg.
Ces résultats semblent donc encourageants mais demandent à
être confirmés à long terme et comparés à ceux du
dupilumab.
La possibilité d’association avec d’autres traitements doit
aussi être examinée.
Dr Marie-Line Barbet