
Paris, le vendredi 6 septembre 2019 - Le tribunal correctionnel de Créteil a relaxé du chef de diffamation le docteur Jean-Jacques Fraslin, généraliste nantais qui avait qualifié l’homéopathie de « charlatanisme ».
Sur Twitter, le débat entre les défenseurs de l’homéopathie et les « No Fake Med », ces médecins opposés aux médecines alternatives, continue de faire rage. Un débat houleux qui peut parfois aboutir à des procédures judiciaires. Dans un tweet supprimé depuis, le docteur Jean-Jacques Fraslin, généraliste nantais et opposant farouche à l’homéopathie, avait comparé cette pratique à du « charlatanisme » tout en évoquant le docteur Daniel Scimeca, homéopathe à Maisons-Alfort et président de la Fédération française des sociétés d’homéopathie. Ce dernier avait alors décidé de poursuivre le docteur Fraslin en diffamation.
Débat général
Mais ce mercredi, le tribunal de Créteil a débouté le médecin homéopathe et relaxé le généraliste nantais. Le tribunal a en effet suivi l’avis du procureur, qui avait demandé la relaxe, considérant que ce n’était pas le docteur Scimeca qui était attaqué dans ce tweet, mais l’homéopathie d’une manière globale. « Ce tweet s’inscrit dans un débat général entre les personnes » a défendu le magistrat, considérant donc que les propos du docteur Fraslin s’inscrivait dans les limites acceptables de la liberté d’expression. Un avis partagé par l’avocat de l’accusé, Maitre Eolas, lui aussi très actif sur les réseaux sociaux : « Apporter un jugement de valeur sur l’homéopathie n’est pas de la diffamation » a-t-il constaté.
A l’inverse, pour Maitre Aubin, avocat du plaignant, le docteur Fraslin avait dépassé les limites : « si le docteur Fraslin est légitime à émettre des doutes, il ne peut pas traiter mon client de charlatan (…) L’homéopathie est légale en France, ce n’est pas du charlatanisme de la pratiquer ». Des arguments qui n’ont donc pas convaincu les juges.
Ce procès n’est pas la seule procédure en lien avec les débats sur l’homéopathie. Depuis qu’en mars 2018, une centaine de médecins ont publié une tribune contre les pratiques alternatives potentiellement dangereuses, des dizaines de procédures disciplinaires ont été engagées devant les conseils de l’ordre départementaux par des médecins homéopathes refusant des critiques jugées peu confraternelles. Début juillet, les « No Fake Med » ont cependant obtenu une victoire importante, le gouvernement ayant annoncé qu’il mettrait fin au remboursement de l’homéopathie à l’horizon 2021.
Quentin Haroche