Plusieurs études récentes ont suggéré une augmentation de la prévalence et de la sévérité des allergies alimentaires de l’enfant. En 1999, une étude menée sur plus de 6500 enfants de 9 à 11 ans recrutés dans 6 villes françaises, estimait la prévalence des allergies alimentaires à 2,1 %. En 2002, une enquête menée à Toulouse chez des enfants de 2 à 14 ans retrouvait quant à elle une prévalence de 4 %. Ces données de prévalence sont importantes en clinique, car elles permettent de suivre l’effet des mesures de prévention préconisées dans les recommandations, et de les adapter.
Une équipe française publie de nouveaux résultats, basés sur les données de l’étude ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance), portant sur une cohorte de naissance de plus de 18 000 enfants nés en 2011. Des interviews téléphoniques permettent de recueillir des données sur la santé des enfants à 2 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans et demi, 5 ans et demi.
L’allergène le plus souvent incriminé est le lait de vache
Selon les informations fournies par les parents, la prévalence de l’allergie alimentaire chez les enfants jusqu’à l’âge de 5,5 ans est dans cette cohorte de 5,94 %. Entre 2 et 5,5 ans, la prévalence diminue avec l’âge, passant de 3,4 % à 2 ans à 3,17 % à 3,5 ans et 2,71 % à 5,5 ans.
Les allergènes les plus souvent impliqués sont le lait de vache (3,40 %), les œufs (0,99 %), l’arachide (0,93 %), les fruits exotiques (0,65 %) et les fruits à coques (0,54 %). L’allergie au lait de vache est la plus souvent citée à chaque âge mais sa prévalence décroit entre 2 mois et 5,5 ans. Celle de l’allergie à l’arachide et aux fruits à coques est plus élevée à 5,5 ans qu’à 2 ans, alors qu’une tendance inverse est observée pour les œufs et le poisson.
20 % des enfants allergiques le sont à 2 allergènes ou plus
Le lait est l’allergène le plus souvent impliqué isolément, mais 16,8 % des enfants allergiques au lait ont au moins une autre allergie alimentaire. Dans la totalité de la cohorte, 1 enfant allergique sur 5 est allergique à au moins 2 groupes d’allergènes différents.
Parmi les enfants présentant une allergie alimentaire, 24,4 % ont également un asthme, 71 % de l’eczéma et 42,3 % une conjonctivite ou une rhinite allergique. Les antécédents familiaux d’atopie sont un facteur de risque d’allergie alimentaire (7,8 % vs 4,4 % pour les enfants sans antécédent familial).
Les publications antérieures évaluaient la prévalence des allergies alimentaires entre 2,1 % et 7,4 %. Les auteurs en concluent qu’elle n’a pas augmenté significativement au cours des 20 dernières années. Ils notent aussi que la prévalence à 3,5 ans rapportée par les parents est sensiblement la même que celle d’une étude australienne qui estimait à 3,8 % la prévalence de l’allergie alimentaire prouvée par test de provocation orale à l’âge de 4 ans.
Dr Roseline Péluchon
