
Brasilia, le 21 janvier 2021 - C’est ce que l’on appelle dans
les relations internationales le « soft power ».
Comment une grande nation peut-elle en influencer une autre
grâce à la puissance de sa culture, de son économie ou bien de son
savoir faire scientifique. A ce stade, les Etats-Unis, le
Royaume-Uni, la Russie et la Chine sont les premiers grands pays à
proposer un vaccin contre le coronavirus. Domaine dans lequel la
France a pris un certain retard qui ne serait rattrapé qu’à la fin
de l’année.
En Amérique latine, la question n’est donc pas tant de savoir
comment va s’organiser la campagne de vaccination, mais surtout
avec quel vaccin le pays va tenter d’obtenir la fameuse immunité
collective. Une question importante alors que le continent a été
particulièrement meurtri par l’épidémie. Favorisé par les errements
de la gestion de la crise, notamment par le Président brésilien
Jair Bolsonaro, et malgré la jeunesse de la population, le virus
s’est rependu rapidement en Amérique du Sud avec un lourd bilan
humain.
Décollage lent pour Spoutnik V en Argentine
Si la Russie a été le premier pays à avoir annoncé la mise au
point d’un vaccin efficace contre le coronavirus, le produit russe
éprouve le plus grand mal à s’imposer à travers le monde. Il est
vrai que la concurrence, notamment avec les vaccins américains et
chinois est particulièrement difficile à tenir.
Toutefois, en Amérique Latine deux pays, l’Argentine et le
Venezuela, ont décidé d’accorder leur confiance au vaccin mis au
point par le centre russe Gamaleïa.
En décembre, 300 000 doses du vaccin russe sont arrivées en
Argentine. Le 16 janvier, le pays a reçu le deuxième lot de 300 000
doses de Spoutnik V conformément à une entente intervenue avec le
Fonds russe d’investissements directs (RFPI). Au total, la Russie
doit livrer 10 millions de doses à Buenos Aires. Mais les délais de
livraison rendent difficile une vaccination à très grande
échelle.
Plus de 200 000 personnes ont déjà reçu la première dose du
vaccin russe, selon le ministère de la Santé d’Argentine. Le
Mexique a annoncé vouloir faire l’acquisition de plus de 24
millions de doses de ce vaccin russe.
Solidarité régionale
Mais l’Argentine, comme beaucoup d’autre pays d’Amérique du
sud, ne place pas tous ses œufs dans le même panier. Le pays assure
notamment la fabrication, par la firme de bio-pharmacie mAbxience
de doses du vaccin AstraZeneca.
Une production qui permettrait à l’Argentine de porter
assistance aux autres nations du continent. Ainsi, lundi un membre
du gouvernement mexicain a annoncé que son pays avait obtenu de
l’Argentine le principe actif nécessaire à l'élaboration de doses
du vaccin contre le Covid-19 développé par le laboratoire
britannique AstraZeneca et l'université d'Oxford.
Ces préparatifs pour fabriquer le vaccin Astrazeneca/Oxford
ont lieu alors que le gouvernement mexicain a annoncé une réduction
de l'approvisionnement en vaccins Pfizer-BioNTech auquel il avait
eu droit, se conformant à la demande de l’OMS adressée aux pays
riches de partager avec les pays les plus pauvres les doses
supplémentaires qu'ils avaient achetées.
Un vaccin chinois… dans le Brésil de Bolsonaro
Alors que depuis trois semaines, le continent a entamé des
campagnes de vaccination, le Brésil, pays le plus touché par
l’épidémie, vient tout juste de commencer.
C'est tout en haut du Corcovado, aux pieds de son célèbre
Christ rédempteur, que la ville de Rio a administré, lundi 18
janvier, ses premiers vaccins contre le Covid-19. Mais sitôt
commencée, la campagne patine.
Le Brésil a approuvé l’utilisation de deux vaccins, le
britannique d’AstraZeneca et le chinois CoronaVac, mais le pays
peine à importer les composants du vaccin britannique, ce qui
devrait retarder la campagne de vaccination. L’utilisation du
vaccin chinois provoque par ailleurs l’ire du président Jair
Bolsonaro, le produit étant défendu par son principal rival, Joao
Doria, le gouverneur de Sao Paolo.
Dans le même temps, le vaccin CoronaVac fait l’objet d’une
validation au Chili. Si le pays a passé commande de 10 millions de
doses, il ne sera pas utilisé pour vacciner la population âgée de
plus de 60 ans.
Le pari cubain
Réputé pour l’excellence de son service de santé, le régime
cubain a annoncé avoir confié comme mission à ses scientifiques de
mettre en place un vaccin latino-américain contre le
virus.
« Nous avons la capacité en 2021 pour fabriquer 100
millions de doses » de Soberana 2, le candidat-vaccin le plus
avancé, a assuré mercredi le docteur Vicente Vérez, directeur de
l'institut de vaccination Finlay. « Si tout va bien, cette année
toute la population cubaine sera vaccinée ». Lundi, Soberana 2
est passé à la phase II b, qui implique 900
volontaires.
En cas de succès, il entrerait en phase III (la dernière avant
approbation), avec 150 000 volontaires, en mars.
C.H.