Vaccins anti Covid-19 et durée du cycle menstruel, moins d’un jour en plus !

Des troubles des cycles menstruels après la vaccination contre la Covid-19 ont été signalés, non repérés au cours des essais cliniques. Les systèmes de signalement des effets indésirables étant basés sur l’auto-déclaration, ils ne permettent pas non plus de déterminer la réelle prévalence de ces troubles.
 
Le British Medical Journal publie les résultats d’une étude rétrospective menée à partir de données recueillies prospectivement. Il s’agit des données collectées sur l’application « Natural Cycles » qui propose, sur la base du recueil des données individuelles, une maîtrise de la prévention de la grossesse sans contraception hormonale.

Près de 20 000 utilisatrices de ce site (d’Europe, des Etats-Unis et du Royaume-Uni) ont donné leur consentement pour l’utilisation de leurs données pour cette étude. Agées de 18 à 45 ans, elles avaient des cycles normaux (24-38 jours) avant la vaccination, et les données d’au moins 4 cycles consécutifs étaient disponibles pour chacune. Pour les vaccinées (n = 14 936) il s’agissait d’au moins 3 cycles avant la vaccination et au moins 1 cycle après. Les mesures portaient sur le changement moyen en termes de durée des cycles et des règles.

Une modification transitoire


En comparaison avec le groupe des non vaccinées, il existe bien une augmentation de la durée des cycles pour les femmes vaccinées. Cet allongement moyen est inférieur à 1 jour, que ce soit après la première dose de vaccin (+0,71 jours, intervalle de confiance 99,3 % +0,47 à +0,96) ou après la deuxième (+0,56 jours IC 99,3 % +0,28 à +0,84).

Une augmentation plus importante est toutefois notée pour les femmes ayant reçu la 1ère dose et la 2ème dose au cours du même cycle : celui-ci peut alors être prolongé de 3,70 jours (IC 99,3 % +2,8 à +4,42) en moyenne, en comparaison avec les non vaccinées. Les auteurs signalent aussi, dans le groupe des vaccinées, une augmentation de la proportion de femmes chez lesquelles la durée du cycle est allongée de plus de 8 jours (13,5 % vs 5,0 % dans le groupe des non vaccinées).

Notons que la perturbation ne se maintient pas dans les cycles suivants, sauf là aussi pour celles ayant reçu les 2 doses au cours du même cycle. Les changements de durée sont identiques quel que soit le type de vaccin reçu (à ARNm, à adénovirus ou à virus inactivé). Enfin, la durée des règles elles-mêmes n’est pas modifiée.

Si de légères modifications dans les cycles ne semblent pas importantes pour les praticiens, elles peuvent, si elles ne sont pas anticipées, alarmer les femmes concernées et contribuer à l’hésitation vaccinale. Ainsi, les données de cette étude permettent de fournir une information plus précise aux patientes.

Dr Roseline Péluchon

Références
Edelman A, et al. : Association between menstrual cycle length and covid-19 vaccination: global, retrospective cohort study of prospectively collected data BMJMedicine 2022;1:e000297. doi:10.1136/
bmjmed-2022-000297

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Vos réactions (2)

  • Une blague ?

    Le 04 octobre 2022

    Le résultat de l'analyse rétrospective est une diminution de la durée du cycle de... 0,7 jour en moyenne, sur un seul cycle et sans modification de durée des règles !!! Quelle femme est réellement capable d'objectiver un tel phénomène ? Est-ce la ce qui peut avoir provoqué une telle rumeur ?
    Mais les moyennes ne signifient pas grand chose. S'il s'agit d'un allongement de plusieurs jours chez quelques femmes seulement (par exemple 3,5 jours chez une femme sur cinq), on comprend plus aisément ; mais ce n'est nullement ce qu'on nous rapporte - et dans ce cas l'on apprécierait plutôt de savoir quels sont les facteurs associés à cette réponse inattendue.

    Dr Pierre Rimbaud

  • Etude à généraliser ?

    Le 10 octobre 2022

    Bon bin tant qu'on y est, on pourrait regarder l'effet des vaccins "classiques" des grippes, des rhumes, ne parlons pas des COVID et de tout évènement un tant soit peu asthéniant.
    Doit on s'étonner que les cycles menstruels soient, ici discrètement, affectés par le système immunitaire ?
    On a donc bien assisté à un effet caisse de résonance d'un mini EI, par les réseaux sociaux et la panique que ce vaccin a induit chez certains et certaines. Cette séquence de terreurs exponentielles auto-amplifiées par des algorithmes pathogènes devrait faire l'objet d'un sérieux RETEX et de régulations adaptées.

    Dr Y Hatchuel

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