
Sanofi originellement hostile à une participation au fonds d’indemnisation
Partage des responsabilités…
Des formulations de mise en garde de Sanofi refusées par la France
Aurélie Haroche
Aurélie Haroche
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Sanofi possède à mon avis des arguments pour contester sa participation au fonds d'indemnisation des familles d'enfants victimes d'exposition in utero au Valproate de sodium, car en dehors des spina bifida connus de longue date, dés les années 1990, 1994 pour être plus précis (Valproic acid-induced neural tube defect Nau H Ciba-Found Symp 1994), quelques années plus tard d'autres effets tératogènes de l'exposition in utero au Valproate furent décrits, dont principalement le fetal valproate syndrome qui associe pour faire court une dysmorphie faciale (accentuation des épicanthi, aplatissement de la racine du nez petit et retroussé, brièveté du philtrum et lèvre supérieure étroite) et un trouble neurodéveloppemental principalement un retard mental ou un syndrome autistique : voir the fetal valporate syndrome Diliberti JH et al. Am. J.Med Genet 1984 Nov; 19 (3): 473-81.
Quand on voit que ce syndrome a été décrit il y a plus de 34 ans on ne peut que penser que les instances sanitaires françaises, l'AFSSAPS à l'époque puis l'ANSM ont été longues à réagir, on peut se demander, alors que Sanofi avait tiré la sonnette d'alarme, ce que faisaient les "experts" de ces instances pendant ce temps, il suffisait de lire la littérature internationale ou les comptes-rendus des séances annuelles de l'AES (American Epilepsy Society) pour connaître les effets délétères du Valproate chez la femme enceinte épileptique.
En effet ce n'est qu'en 2015 (mars pour être précis) que les mises en garde lors d'une réunion à l'ANSM où votre serviteur était présent, ont été énoncées, et par un effet boomerang on a alors tiré tous azymuts contre-indiquant (sauf cas exceptionnel) le Valproate chez les filles même nourrissons(!) pour, dans un second temps plus logiquement et plus récemment, en encadrer la prescription chez les filles et femmes en âge d'avoir des enfants (voir le formulaire d'accord et le guide à destination des professionnels de santé).
On peut dire trivialement qu'il y a eu un certain retard à l'allumage alors que tout épileptologue digne de ce nom connaissait dès les années 1990 les risques fœtaux du valproate chez la femme enceinte épileptique et en tirait les conséquences.
Cependant je pense que Sanofi pourrait faire un effort et à terme je pense qu'il sera amené à le faire peut-être par une plainte type" class action" de l'APESAC.
Dr Hervé Isnard, neuropédiatre épileptologue, Lyon