
Madrid, le lundi 1er août 2022 – Deux morts de la variole du singe ont été notifiés en Espagne ce week-end, les premiers décès en Europe depuis le début de l’épidémie.
L’épidémie de variole du singe qui touche le monde depuis début mai a pris un tournant bien plus tragique ce week-end avec la survenue des premiers morts en Europe. Ce vendredi, l’Espagne a déploré le décès d’un homme contaminé par la variole du singe dans la région de Valence.
Ce samedi, toujours en Espagne, c’est un homme de 31 ans contaminé par le virus qui est décédé à Cordoue. Dans les deux cas, les victimes étaient atteintes de méningo-encéphalite. Des examens doivent être réalisés pour connaitre avec précision la cause du décès de ces deux hommes et déterminer si la méningo-encéphalite était directement en rapport avec le virus.
Ce jeudi, le Brésil faisait également état du premier décès hors d’Afrique de la variole du singe. Au total, huit personnes sont mortes dans le monde de la maladie depuis début mai, dont cinq dans les pays d’Afrique où la maladie est endémique.
A l’annonce des premiers décès en Europe, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué qu’elle s’attendait à « plus de décès compte tenu de la propagation de la variole du singe en Europe » tout en rappelant que la maladie était bénigne dans l’immense majorité des cas.
« La notification des décès liés à la variole du singe ne change pas notre évaluation de l’épidémie en Europe ; nous savons que, bien que spontanément résolutive dans la plupart des cas, la variole du singe peut entraîner de graves complications » a indiqué l’agence onusienne.
Au total, 22 500 cas ont été détectés dans le monde, les pays les plus touchés étant les Etats-Unis (4 906 cas), l’Espagne (4 298) et l’Allemagne (2 595).
Les tests contre la variole du singe remboursés à 100 %
En France, le dernier bilan de Santé Publique France en date de jeudi faisait état de 1 955 contaminés, dont la moitié en Ile-de-France, soit un doublement des cas en deux semaines. Conformément à une recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS), le ministre de la Santé François Braun a pris ce samedi un arrêté actant le remboursement à 100 % par l’Assurance maladie des tests PCR de dépistage du monkey pox.
Ces tests ne doivent être effectués qu’en présence de symptômes et si l’examen clinique n’a pas permis d’établir le diagnostic avec certitude. « Les prélèvements sont à faire sur les lésions, en privilégiant les lésions des muqueuses puis cutanées » précise l’arrêté.
Alors que la variole du singe touche en grande majorité des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (96 % des cas dont l’orientation sexuelle est connue), la question est de savoir si la maladie peut se propager dans le reste de la population. Une question qui reste encore en suspens, alors qu’on ignore encore pour le moment (avec certitude) pourquoi la communauté gay est particulièrement touchée.
« Nous manquons d’informations complètes, mais les données confirment plutôt un évènement d’introduction unique puis la propagation, notamment dans la communauté HSH, suite à des évènements super-propagateurs » avance Yannick Simonin, infectiologue à l’université de Montpellier, alors que des foyers de contamination ont été signalés à la suite de festivals homosexuels en Espagne et en Belgique.
Les homosexuels suisses privés de vaccins
Les différents modes de contamination de la variole du singe laissent effectivement penser que le virus peut se répandre dans la « population générale ». En effet, si les rapports sexuels semblent particulièrement propices à la transmission de la maladie, le virus peut se transmettre par tout contact direct entre la peau et les lésions cutanées et même, bien que cela semble rare, par voie aérienne ou au contact avec les surfaces.
Pour le Pr Antoine Flahault, épidémiologiste à l’université de Genève, un parallèle peut être faite avec l’épidémie de VIH, qui a d’abord touché quasiment exclusivement de jeunes hommes homosexuels citadins, avant de se répandre dans le monde et de contaminer des dizaines de millions de personnes.
A l’inverse, le Pr Jean-François Delfraissy, ancien président de feu le Conseil Scientifique, « ne croit pas en une nouvelle pandémie », rappelant que « la maladie est peu sévère dans 99 % des cas ».
En attendant d’en savoir plus et face à l’augmentation des cas, chaque pays répond différemment. A New York, qui compte 1 345 malades soit un quart des cas américains, le maire de la ville a déclaré une urgence sanitaire. Il estime qu’environ 150 000 habitants pourraient être exposés aux virus et a mobilisé son administration pour obtenir plus de doses de vaccins.
A l’inverse, en Suisse, le gouvernement refuse toujours de
vacciner les personnes à risques et les homosexuels suisses
désireux de se faire vacciner sont donc contraints de se rendre
dans les pays frontaliers.
Quentin Haroche