Violences gynécologiques : le Pr Emile Daraï démis de ses fonctions

Paris, le vendredi 10 décembre 2021 - Le professeur Emile Daraï, chef du centre endométriose de l'hôpital Tenon à Paris jusqu'au 8 octobre dernier, a été définitivement démis de ses fonctions à la tête de ce service, alors qu'il est visé par au moins six plaintes pour viol.

La décision a été prise dans la foulée des conclusions de la commission d’enquête interne de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) révélée jeudi 9 décembre.
L’affaire avait été l’occasion de mettre au centre des débats la question des « violences » gynécologiques.

Condamnation sans équivoque, mais pas de connotation sexuelle dans les actes accomplis

Le rapport sur les faits commis dénonce : « le caractère standardisé, rapide, technique et sans affect de la consultation, parfois brutal et sans empathie ne saurait convenir ».

Dans le même temps, le rapport souligne « aucune connotation sexuelle alors que certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes ». Des constatations susceptibles de faire évoluer une éventuelle requalification pénale des faits en violences volontaires.

Car le rapport précise bien que la douleur, l'absence d’information et « l'absence d'empathie sont les caractéristiques de ce que la Haute autorité de santé qualifie de maltraitance ou d'absence de bientraitance ».

Regrets du praticien

Dans une lettre envoyée mardi 7 décembre au directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch, le médecin, qui consulte toujours, se dit « contraint de reconnaître que ces femmes ont pu percevoir l'examen clinique que j'ai pratiqué comme dénué d'empathie et de bienveillance ». « J'ai pris connaissance avec tristesse de leur ressenti … J'en suis profondément désolé et tiens à leur présenter mes plus sincères excuses » a indiqué le Professeur.

Après 41 auditions menées, la commission d'enquête interne à l'AP-HP estime que « l'obligation d'information des patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n'ont pas été respectés » et que « la situation actuelle est le fruit de dysfonctionnements individuels mais aussi collectifs et systémiques ».

Une décision insuffisante pour des associations féministes

Si Sonia Bisch, fondatrice du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques, a salué la décision contre Emile Daraï, elle regrette dans le même temps que ce dernier « puisse continuer à recevoir des patientes ».

C.H.

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