Vivre en milieu rural exposerait à un risque accru de maladie de Parkinson

Les mécanismes de la neurodégénérescence dans la maladie de Parkinson (MP) ont été précisés grâce à de nombreux travaux mais la cause même de l’affection  reste encore hypothétique. On invoque habituellement le rôle  d'un toxique dans l'environnement et d'une susceptibilité individuelle influencée par le génome. Certes, les études épidémiologiques peinent à identifier une substance chimique responsable mais restent  essentielles pour reconnaître une toxicité environnementale.

Une nouvelle étude française montre que  les pesticides, dont le rôle chez les professionnels de l'agriculture est constaté,  peuvent aussi être incriminés pour les personnes vivant dans les milieux exposés. Cette équipe a analysé les données issues du système de santé Français  en corrélant le risque de MP au lieu de vie. A partir des prescriptions sur ordonnance, ils ont exclus les patients prenant des anticholinergiques et des neuroleptiques (syndromes parkinsoniens iatrogènes) et les jeunes femmes prenant de la bromocriptine pour la lactation. Les agriculteurs ont été exclus de l’étude pour éviter de biaiser les résultats. Le profil de 18 modes d'agriculture a été défini au niveau du canton dans lequel résidait le patient lors de la première utilisation de médicaments antiparkinsoniens. Il a été aussi tenu compte de la migration des sujets inclus. Les auteurs ont effectué une analyse statistique par régression à plusieurs niveaux et plusieurs variables  en ajustant pour le tabagisme, l’indice de défavorisation  (socioéconomique), la densité de neurologues et la proportion de terres agricoles.

Risque accru dans les régions viticoles

Au total, 69 010 cas de maladie de Parkinson ont été déclarés pendant la période de 2010 à 2012. La ruralité a été associée avec une plus forte incidence de maladie de Parkinson (p < 0,001). Les sujets vivant dans les régions avec une plus forte densité de vignobles ont un risque augmenté de 8,5 % (4,4-12,6 %). Le risque est plus important chez les sujets âgés. Les auteurs suggèrent que cette augmentation du  risque soit liée à un poids plus faible du génome dans cette population et à une exposition à des pesticides plus toxiques et depuis interdits (paraquat, organochlorés). La viticulture emploie 20 % des pesticides utilisés en France alors que les vignobles ne représentent que 3 % des terres agricoles.

Ce travail très complet, prenant en compte les limites des études épidémiologiques, confirme le risque accru des pesticides dans la population générale. Les agriculteurs sont de plus en plus sensibles à ce risque pour leur santé et la santé publique mais sont soumis au  dilemme de productivité/ rentabilité. Le célèbre herbicide glyphosate occupe les devants de l’actualité. Son rôle dans la maladie de Parkinson n’a pas été évalué ici et il n’existe que quelques données expérimentales en faveur de son implication dans la MP.

Toutefois, on ne peut qu’encourager la commission européenne à faire le bon choix pour préserver les abeilles mais aussi la substance noire  de nos concitoyens en donnant les moyens aux agriculteurs de réduire la pression chimique dans nos champs. 

Dr Christian Geny

Référence
Kab S et coll. : Agricultural activities and the incidence of Parkinson's disease in the general French population. Eur J Epidemiol., 2017; 32 : 203-216.

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