
L’irradiation lors des examens d’imagerie est un facteur cancérigène connu et les irradiations lors des scanners sont associées à une augmentation de l’incidence des cancers. Or, il apparaît que les doses d’irradiation lors d’un scanner varient significativement selon les patients, les établissements et les pays. Les risques des surdoses rendent essentiel la réduction de l’exposition due à l’imagerie médicale et l’optimisation des protocoles, afin d’éliminer toute surexposition inutile. Mais pour cela, encore faut-il connaître les facteurs contribuant à ces variations.
Pour le savoir, une équipe internationale a mené une étude prospective entre novembre 2015 et août 2017, concernant plus de 2 millions de scanners réalisés chez des adultes dans 151 établissements autour du monde. L’objectif était d’établir les doses d’irradiation moyennes et la proportion de doses élevées pour des scanners abdominaux, thoraciques, thoraco-abdominaux et de la tête, selon les caractéristiques des patients (sexe, âge, taille), le type d’établissement où était réalisé l’examen (centre d’accueil des traumatisés, centres d’imagerie ouverts 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, centre universitaire ou privé). Etaient pris en compte aussi le volume d’activité, les facteurs propres au matériel, le pays, et la façon dont les scanners étaient utilisés. Etaient enfin considérées comme doses élevées des doses au dessus du 75ème percentile défini avant le démarrage de l’étude.
Tout dépend des modalités d’utilisation
Les données confirment de grandes variations dans les doses
délivrées entre les différents pays considérés, même après avoir
tenu compte des caractéristiques des patients, des caractéristiques
des établissements et des machines et du volume d’activité de ces
derniers. Toutefois, après ajustement sur les caractéristiques des
patients, les doses varient faiblement (10-30 %) selon le type
d’établissement et les caractéristiques des machines. En revanche,
même après ajustement pour ces caractéristiques, il existe de
grandes variations dans les doses délivrées selon les pays, avec
des doses jusqu’à 4 fois plus élevées pour un scanner abdominal
(allant de 7,0 à 25,7 mSv) et 17 fois plus d’examens délivrant des
doses élevées (de 4 % à 69 %). De grandes variations existent aussi
selon les pays pour les scanners thoraciques (dose moyenne variant
de 1,7 à 6,4 mSv, proportion d’examens à fortes doses de 1 % à 16
%) et les scanners thoraco-abdominaux (10,0 à 37,9 mSv, 2 % à
78 % d’examens à fortes doses). En revanche, les doses délivrées
varient moins pour les scanners crâniens (1,4 à 1,9 mSv ; 8 % à 27
%).
Pour mieux connaître les raisons de ces variations, une analyse en
modèle multivarié a été réalisée. Ellemontre que les différences
selon les pays ne sont pas attribuables aux caractéristiques des
patients, ni aux caractéristiques des établissements ou du
matériel, mais presque entièrement en lien avec la façon dont les
établissements utilisent ce matériel, reflétant probablement des
choix locaux différents concernant les paramétrages techniques pour
obtenir des images optimales.
Dr Roseline Péluchon