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Être une femme cyborg peut vous sauver la vie

Paris – Une patiente américaine, Brandy Ellis, souffrant de dépression sévère, a pu « guérir » de son mal-être grâce à un implant cérébral qui lui a été posé en 2011.

« Comment vous sentez-vous, madame ? », demande la Dr Helen Mayberg, neurologue au Mount Sinaï Hospital, à New York City (États-Unis). « Plus légère. Je sens comme de l’air qui rentre dans mon corps », répond spontanément la patiente, Brandy Ellis, à qui on vient à peine de poser un implant cérébral en ce jour d’octobre 2011. Un implant qui lui a permis de surmonter son grave état dépressif, qui résistait à tous les traitements tentés jusqu’alors. 

La zone CG25 visée

L’implant cérébral posé à Brandy Ellis cible une zone du cortex préfrontal nommée CG25. D’ailleurs, l’implant ne réside pas uniquement dans son crâne, car il est relié via un circuit interne à une batterie, qui se trouve sous son aisselle droite. La batterie doit être rechargée plusieurs fois par semaine, à raison d’environ une heure et demie par charge.

L’objectif de cet implant un peu particulier : désactiver la zone du cerveau jugée comme « dysfonctionnelle » grâce à une stimulation électrique.

Un essai clinique évidemment original, mais qui a porté ses fruits. Près de treize ans plus tard, Brandy Ellis explique qu’elle ne se sent plus du tout déprimée. « C’est merveilleux de regarder la science se traduire en un individu », affirme la Dr Mayberg. « Malgré les hauts et les bas, l’implant a permis à Brandy d’améliorer sa condition et de se retrouver ». 

« Je suis un cyborg, comme ces personnes blessées des anciennes séries télévisées qui devenaient bioniques », soutient Brandy Ellis, avec le sourire, à nos confrères du Monde.  

Plus beau jour de sa vie, de son propre aveu, l’implantation de ce dispositif fut la conclusion, en forme de dernière chance, d’un long cheminement médical. Elle raconte ainsi avoir essayé des dizaines de traitements, qui ont tous échoué à guérir sa dépression. Elle a même réalisé 24 séances d’électroconvulsivothérapie en 2008, qui ont eu un impact important sur sa mémoire, selon elle. 

500 000 implants cérébraux

Au total, on compte environ 500 000 personnes dans le monde disposant d'un implant cérébral, tout comme Brandy Ellis. En revanche, la grande majorité d’entre eux (plus de 50 %) souffrent de maladie de Parkinson. D’autres sont bipolaires, sont atteints de TOC ou encore du syndrome de Gilles de la Tourrette.  

Pour l'heure, les implants cérébraux pour traiter les dépressions sévères restent en phase d’essai clinique, indique toujours dans Le Monde la Dr Helen Mayberg, qui continue d’ailleurs ses recherches sur le sujet. « La pose d’implant est un peu un saut dans l’inconnu », rappelle-t-elle.  

En attendant, sa patiente la plus connue est certaine que son implant fonctionne parfaitement. Le jour où la batterie de celui-ci avait subi un dysfonctionnement, elle a tout de suite « rechuté » et ressenti un certain mal-être. 

Brandy Ellis participe d'ailleurs à des colloques médicaux et des visioconférences pour donner le point de vue des patients. Elle n’est cependant pas la seule à avoir été opérée de cette manière, puisque 28 malades (21 dépressifs et 7 bipolaires) ont eux aussi reçu un implant cérébral. 

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