Paris, le vendredi 12 octobre 2018 - Selon une étude publiée dans la revue Science ce jeudi, 60% des Américains auraient un cousin au 3ème degré inscrit sur un site de généalogie génétique et pourraient donc ainsi potentiellement être identifiés génétiquement.
Le 25 avril dernier, l’arrestation de Joseph DeAngelo, suspecté d’être le « Golden State Killer » (un tueur en série qui aurait tué une douzaine de personnes en Californie) avait fait grand bruit. DeAngelo est en effet le premier criminel à avoir été identifié grâce à la généalogie génétique. Pour le retrouver, les enquêteurs ont comparé des prélèvements ADN réalisés sur des scènes de crime avec la base de données de GEDmatch, un site de généalogie génétique où l’ADN de plus d’un million d’Américains est répertorié. Les enquêteurs ont ainsi découvert qu’un cousin au 3ème degré (même arrière-arrière-grand parent) du tueur était inscrit sur le site et ont finalement retrouvé DeAngelo en étudiant la généalogie de ce cousin. Depuis, 13 criminels auraient été identifiés aux États-Unis grâce à une approche similaire.
Transmission des données problématiques
Ce jeudi, Science a publié une étude qui démontre encore un peu plus l’ampleur du phénomène qu’est la généalogie génétique aux États-Unis. En analysant les tests des 1,3 millions de personne qui ont fait analyser leur ADN par le site MyHeritage, une autre plateforme de généalogie génétique, les auteurs de l’étude ont découvert que 60% de ces personnes avaient un « match » avec un cousin au 3ème degré ou moins inscrit sur le site. Ils estiment qu’il suffirait que 2% de la population se fasse tester pour que la totalité des Américains aient un cousin au 3ème degré inscrit sur un site de généalogie génétique et soit donc potentiellement identifiable génétiquement. Ce résultat devrait être atteint d’ici quelques années pour les Blancs, beaucoup plus enclins à faire tester leur ADN par ces sites que les Noirs.
Pour l’instant, les leaders du marché que sont Ancestry (10 millions de personnes testés) et 23andMe (5 millions de sujets) ne permettent pas à quiconque d’utiliser leur base de données pour des recherches généalogiques, contrairement à GEDmatch. Ce qui explique pourquoi ces deux sites n’ont pour l’instant jamais collaboré à une enquête criminelle. Certains estiment cependant que les autorités pourraient astreindre ces sites à les aider dans leur enquête et certains utilisateurs de ces sites s’inquiètent que leurs données génétiques puissent être transmises à leur insu. Actuellement, la loi française interdit les tests ADN à but commercial, mais des milliers de Français ont fait analyser leur ADN à l’étranger et sont inscrits sur des sites de généalogie génétique américains.