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Après un cancer du sein : avoir un enfant et allaiter, c’est possible !

Il est désormais passé ce temps où le diagnostic d’un cancer du sein chez une femme jeune était synonyme d’infertilité. Les procédures de préservation de la fertilité sont désormais au centre des approches. Reste aux médecins à lutter contre les mythes encore très présents. 

La possibilité d’une grossesse pour les cancers stade O-III

La majorité des femmes jeunes ayant eu un cancer du sein de stade 0-III peuvent tomber enceinte et mener à bien une grossesse, selon les résultats d'une étude américaine présentée au congrès de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) en mai 2024. Leurs chances étaient bien sûr plus nettes lorsqu'elles avaient bénéficié d'une procédure de préservation de la fertilité, et ce quels que soient les caractéristiques du cancer et les traitements reçus. 

Kimia Sorouri et coll. (Boston, États-Unis) ont inclus 1 213 femmes âgées de moins de 40 ans ayant présenté un cancer du sein de stade 0-III, recrutées dans 13 centres nord-américains, et suivies durant 11 ans en médiane. Parmi elles, 197 ont déclaré avoir tenté de concevoir un enfant après le traitement de leur cancer du sein.

Ces patientes étaient représentatives de tous les types de cancer du sein, avec 76 % de cancer hormonosensible, 25 % de HER2+, et 17 % de triple négatif. La gamme des traitements reçus était large : chimiothérapie dans 68 % des cas, dont 11 % avec une suppression ovarienne, traitement hormonal pour 57 % des femmes et radiothérapie pour 58 %. Avant leur cancer du sein, 46 % de ces patientes étaient déjà tombées enceintes, mais seulement 28 % avaient donné naissance à un enfant. Au total, 15 % des participantes rapportaient avoir rencontré des difficultés à concevoir après le traitement. Une procédure de préservation de la fertilité après le diagnostic du cancer a été proposée à 28 % de ces femmes. 

Une majorité des femmes ayant tenté de concevoir ont pu débuter une grossesse (73 % des 197 femmes), et 65 % ont donné naissance à au moins un enfant. Le délai médian entre le diagnostic du cancer du sein et la première grossesse était de 48 mois (de 6 à 125 mois). 

Les chances de tomber enceinte étaient associées principalement à un âge jeune au moment du diagnostic du cancer et à des capacités financières « confortables ». L'âge et surtout le fait d'avoir bénéficié d'une procédure de préservation de la fertilité sont les éléments clés d'une possibilité de grossesse menée à terme (chances triplées en cas de préservation). 

L'allaitement maternel post-cancer semble sûr 

L'allaitement maternel après un cancer du sein, même en cas de mutation sur BRCA, est sûr et n'augmente pas le risque de récidive chez les mères, d'après les résultats de deux études présentées au congrès de l'ESMO (European Society for Medical Oncology). (2,3)

Les premiers résultats sur le sujet proviennent d'une analyse secondaire de l'essai clinique POSITIVE, menée par Hatem Azim et coll. (Le Caire, Égypte). Rappelons que ce travail avait déjà montré que l'arrêt temporaire d'une hormonothérapie adjuvante prescrite pour cancer du sein était sûr chez les femmes opérées d'un cancer du sein et désireuses de maternité. 

Au cours d'un suivi de 41 mois, 317 femmes ont accouché d'au moins un enfant. Parmi elles, 62 % ont allaité leur enfant, sur une durée médiane de 4,4 mois, ce qui n'a été associé à aucun effet sur l'intervalle sans cancer du sein des mères. À deux ans après la première naissance, l'incidence des récidives s'établissait à 3,6 % chez les mères qui ont allaité leur enfant et à 3,1 % chez celles qui ne l'ont pas fait. 

Eva Blondeaux et coll. (Gênes, Italie) ont présenté des résultats similaires sur une cohorte de 4 732 patientes BRCA+ avec un suivi de 7 ans. Au total, 659 femmes ont été enceintes et 474 ont donné naissance à un enfant. Parmi ces dernières, 23,2 % ont allaité leur enfant sur une durée médiane de 5 mois, 14,4 % ne l'ont pas fait, 47,5 % étaient dans l'incapacité de le faire à cause d'une double mastectomie post-accouchement. Après un suivi médian de 7 ans post-accouchement, le risque de récidive a été identique pour toutes les femmes. 

Cet article a d’abord été publié sur le site de MediQuality.net


References

(1)    Kimia Sorouri et al. Fertility among young breast cancer survivors attempting pregnancy: A prospective, multicentre cohort study.. JCO 42, 1518-1518(2024). DOI:10.1200/JCO.2024.42.16_suppl.1518
(2)    1814O. Azim, H.A. et al. Breastfeeding in women with hormone receptor-positive breast cancer who conceived after temporary interruption of endocrine therapy: Results from the POSITIVE trial. Annals of Oncology, Volume 35, Supplement 2, S1076, September 2024. DOI: 10.1016/j.annonc.2024.08.1910
(3)    1815O. Blondeaux, E. et al. Breastfeeding after breast cancer in young BRCA carriers: Results from an international cohort study. Annals of Oncology, Volume 35, Supplement 2, S1076-S1077, September 2024. DOI: 10.1016/j.annonc.2024.08.1911
 


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