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Le cœur des femmes réclame votre attention

Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de décès chez les femmes. L’idée selon laquelle il s’agirait de « maladies masculines » a toutefois la vie dure et contribue à un déficit de reconnaissance et de prise en charge pour les femmes. Ainsi, selon une équipe britannique, 30 % des infarctus du myocarde enregistrés entre 2022 et 2023 sont survenus chez des femmes. 

Or, des différences de prise en charge ont été mises en évidence pour celles-ci, dans de nombreuses études, particulièrement pour les plus âgées. Elles concernent en premier lieu leur accès aux urgences, du fait d’un manque d’attention aux signes présentés, de sous-estimation du risque ou encore de barrières socio-économiques. Puis l’on constate aussi des différences dans le suivi des recommandations. 

Une publication de la Société britannique de cardiologie remarque par exemple qu’une proportion inférieure de femmes admises pour infarctus du myocarde sans élévation de ST bénéficie d’une angiographie dans les 72 heures, en comparaison avec les hommes. Les auteurs signalent aussi que les femmes sont sous-représentées dans les essais cliniques, ce qui signifie que de nombreux traitements sont testés majoritairement sur les hommes, puis administrés aux femmes, en « présumant » que les différences physiologiques et pharmacocinétiques n’auront qu’un faible impact sur l’efficacité. 

Connaître les spécificités du cœur des femmes pour améliorer la prise en charge

La Société britannique de cardiologie souhaite donc attirer l’attention sur les différences en termes de facteurs de risque, de diagnostic et de traitement entre les femmes et les hommes, afin d’élaborer des stratégies pour réduire ces inégalités. 

En ce qui concerne les facteurs de risque « traditionnels », si la prévalence de l’hypertension, du tabagisme, du diabète et des dysplipidémies est légèrement inférieure chez les femmes, les données semblent indiquer que leurs effets délétères sont plus importants. Et cependant, les objectifs thérapeutiques sont moins souvent respectés chez ces dernières. 

Les auteurs soulignent d’autre part que certains facteurs de risque sont spécifiques aux femmes. Il s’agit de facteurs hormonaux (notamment le déficit oestrogénique de la ménopause), de la contraception oestro-progestative, de certains évènements de la grossesse (pré-éclampsie, diabète gestationnel, cardiomyopathie du post-partum), qui peuvent avoir des conséquences à court et long termes. Une récente mise à jour a identifié notamment la pré-éclampsie et la dépression du post-partum comme des facteurs de risque cardio-vasculaires spécifiques.

Il apparaît aussi que la prise en charge de la majorité des pathologies cardio-vasculaires est sous optimale chez la femme : moindre recours à l’angiographie ou à la revascularisation, moins bonne prise en compte des facteurs de risque spécifiques, traitement non optimal de l’insuffisance cardiaque ou des valvulopathies, moindre recours aux anti-coagulants en cas de fibrillation auriculaire, non prise en compte d’un risque plus élevé de torsade de pointe en cas de traitement médicamenteux à risque, etc. La liste des disparités est fournie.

Pour les auteurs, la prise de conscience de ces inégalités est indispensable et une plus grande attention doit être portée aux signaux cardio-vasculaires chez la femme. Parmi les solutions, ils suggèrent le rôle essentiel que pourraient tenir les infirmières dans un processus de prise en charge « holistique ». 


References

Tayal U, Pompei G, Wilkinson I, et al. Advancing the access to cardiovascular diagnosis and treatment among women with cardiovascular disease: a joint British Cardiovascular Societies' consensus document. Heart. 2024 Sep 24:heartjnl-2024-324625. doi: 10.1136/heartjnl-2024-324625.


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