La dyspnée et la fatigue sont les principaux symptômes du Covid long (CL), qui atteint 3 à 5 % des sujets infectés par le SARS-CoV-2. E. Daynes a présenté au congrès de l’European Respiratory Society (ERS) 2024 les résultats d’un essai randomisé étudiant la réadaptation respiratoire (RR) dans le CL, procédure qui semble actuellement la seule susceptible d’influer sur les manifestations chroniques du CL. Cet essai a l'intérêt de comparer une RR supervisée et une téléréhabilitation (TRR), aux soins conventionnels.
L’étude a porté sur 181 malades inclus par tirage aléatoire dans l’un des 3 groupes : RR supervisée (56 sujets), TRR (63 sujets), et soins usuels (62 sujets). L’âge moyen était 59±12 ans. Tous les malades avaient été hospitalisés pour l’infection initiale par le SARS-CoV-2 pendant en moyenne 12±19 jours et la prise en charge a débuté 545 ±211 jours après l'infection.
Intérêt de la réadaptation, en centre ou à distance
Le programme de RR conventionnelle était suivi en centre spécialisé et durait 8 semaines, comprenant des soins multidisciplinaires principalement de kinésithérapie et d'éducation thérapeutique. La TRR reposait sur un exercice individuel mené en autonomie à domicile par le malade au moyen d’une interface digitale contrôlée par un professionnel de santé ; un « coaching » téléphonique était aussi organisé. Le programme durait aussi 8 semaines et était personnalisé selon le contexte clinique du malade.
Les premiers résultats présentés portent sur l'étude du test de marche en navette (TMN), manœuvre de référence au Royaume-Uni. L’étude des variations des scores de qualité de vie et de dyspnée n’a pas été présentée. Le TMN est passé, dans le groupe supervisé, de 285 mètres à 338 mètres (+53 m, p < 0,01), et dans le groupe TRR de 353 m à 388 m (+34 m, p < 0,05). Ces variations dépassent la différence minimale cliniquement significative qui est de 30 m (dans le groupe « soins usuels » la variation n’était que de 2 m).
L’oratrice conclut que les 2 modalités de RR améliorent significativement la valeur du TMN, ce qui était l'objectif principal du protocole. Les proportions de malades abandonnant le protocole de RR supervisé ou la TRR n'étaient pas différentes : 16 % contre 20 %. On attend les résultats des variations des scores de qualité de vie et de dyspnée avec intérêt car ce sont des éléments essentiels de l’évaluation du fardeau symptomatique du CL.
Par ailleurs l'oratrice a insisté au cours de la discussion sur la possibilité de malaises consécutifs à l'effort chez les malades, ce qui semble une caractéristique à prendre en compte dans l’organisation du programme d'incrémentation de l'exercice. En tout état de cause on retient que la TRR a une efficacité qui pourrait être suffisante chez des malades dont l'état général est modérément altéré et constitue ainsi une alternative intéressante en cas de difficulté d'accès aux places de RR supervisée en hospitalisation, principal obstacle à la prise en charge des malades.
References
Daynes E, et al. Post-Hospital COVID-19 Rehabilitation (PHOSP-R): A randomised controlled trial. Présentation n° 3668, Congrès ERS 2024, 7 au 11 septembre 2024, Vienne.