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Déserts médicaux : Barnier sort son « programme Hippocrate »

Paris – Le Premier Ministre a longuement évoqué les questions de santé lors de son discours de politique générale et notamment le sujet des déserts médicaux.

Difficile exercice d’équilibriste que celui de Michel Barnier ce mardi à l’Assemblée Nationale. Pour son discours de politique générale, le nouveau Premier Ministre a dû tenter de convaincre des députés qui lui sont majoritairement hostiles, une première sous la Vème République. L’ancien commissaire européen, pas forcément connu pour sa verve, devait en effet tout à la fois s’adresser à l’extrême-droite à la droite et au centre, tandis que la gauche lui semblait définitivement perdue.

Mais s’il y a bien un sujet sur lequel le chef du gouvernement pouvait espérer faire consensus, c’est celui de la santé. Le nouveau Premier Ministre, qui a réalisé son premier déplacement officiel dans un hôpital le 7 septembre dernier, a rappelé ce mardi dans l’hémicycle que la santé était l’une de ses priorités (avec bien d’autres sujets) et était « au cœur des préoccupations des Français ». « Nous devons trouver des solutions de terrain aux deux immenses défis que sont le fonctionnement de l’hôpital et les déserts médicaux » a lancé le Premier Ministre avant de développer son propos. 

Un « programme Hippocrate » contre les déserts médicaux aux contours flous

S’agissant des déserts médicaux, qui progressent ces dernières années dans notre pays, l’ancien élu savoyard a justement un plan : le « programme Hippocrate ». Un dispositif qui viserait à inciter les internes et les jeunes médecins à se rendre dans les territoires peu dotés en professionnels de santé. « Nous allons travailler avec tous ceux qui le voudront à ce que j'appellerai un programme nouveau, pour lequel les internes, français et étrangers, s'engageraient volontairement, pour une période donnée et grâce à l'accompagnement de l'État et des collectivités, à exercer dans les territoires qui manquent le plus de médecins ». On le voit, les contours de ce « programme Hippocrate » sont encore flous et difficile de dire s’il s’agira d’une énième incitation à l’installation ou d’une véritable révolution. Le mot important ici est sans doute « volontairement » : pas question de remettre en cause la liberté d’installation comme le souhaitait la gauche. 

Pour le reste, ceux qui espéraient de grandes annonces seront déçus. Le Premier Ministre s’est essentiellement contenté d’affirmer qu’il allait poursuivre les chantiers engagés par ses prédécesseurs macronistes. Le nombre d’étudiants en médecine va donc continuer à augmenter, comme l’avait annoncé Gabriel Attal au printemps dernier. Alors que certains s’étaient émus de la baisse du nombre d’internes pour l’année 2024-2025, conséquence de la réforme du « concours » de l’internat, le chef du gouvernement a rappelé que « en 2025, la dynamique va reprendre fortement, puisqu’il y aura 11 000 internes contre 8 500 cette année ». 

Le Premier Ministre compte beaucoup sur les internes…mais aussi sur les médecins retraités. Il a ainsi annoncé vouloir « leur permettre de reprendre du service avec un cumul favorable entre rémunération et retraite ». Bientôt le retour de l’exonération de cotisations retraite pour les médecins en cumul emploi/retraite, mise en place en 2023 et supprimée en 2024 ? Seul l’avenir le dira. 

Michel Barnier promet un débat sur la fin de vie…en 2025 

Toujours dans la lignée de ses prédécesseurs, Michel Barnier a dit vouloir aller « plus loin » dans l’extension des compétences de certains professionnels de santé non-médecins comme « les pharmaciens et les kinésithérapeutes ». Le chef du gouvernement a également promis l’adoption d’une « loi infirmière qui ira plus loin dans la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences et leur donnera un rôle élargi dans la prise en charge des patients ». Une réforme appelée de ses vœux par les syndicats et en chantier depuis déjà près de deux ans. 

Michel Barnier a également brièvement évoqué la question de la prévention, prônant « l’intensification des dépistages et le développement du sport-santé ». Comme il l’avait déjà évoqué précédemment, il a rappelé vouloir faire de la santé mentale « la grande cause nationale » de 2025. Un engagement lié à son histoire personnelle comme le signale le journal Le Point : la mère de Michel Barnier fut pendant 35 ans présidente de la branche savoyarde de l’Unafam, association d’aide aux handicapés mentaux et à leurs proches. 

Michel Barnier n’a enfin pas évité les sujets qui fâchent et notamment celui de la fin de vie. Alors que le projet de loi légalisant le suicide assisté et l’euthanasie a été réduit à néant par la dissolution, le chef du gouvernement a dit vouloir « reprendre le dialogue avec l’Assemblée, le Sénat, avec les soignants et les associations en début d’année prochaine sur le projet de loi dont l’examen a été interrompu par la dissolution ». 

Le débat sur l’aide à mourir est donc reporté à début 2025, mais le Premier Ministre a indiqué que les mesures en faveur du renforcement de l’offre de soins palliatifs seraient, pour leur part, prises le plus rapidement possible. Toujours à la recherche du compromis, il a indiqué qu’il ne voyait pas forcément d’un mauvais œil la proposition de loi d’Olivier Falorni, qui reprend le texte du projet de loi sur la fin de vie tel qu’il avait été amendé par les députés avant la dissolution, et qui pourrait être examiné en novembre. 

Michel Barnier n’aura donc pas fait d’annonces fracassantes sur les questions de santé ce mardi à l’Assemblée Nationale. Pour en savoir plus sur sa politique sanitaire, il faudra sans doute attendre le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), qui sera déposé mercredi prochain. 

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