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Des médicaments pour diminuer l’incidence de l'hémorragie méningée anévrismale ?

Les bénéfices actuels du traitement invasif de l’anévrisme intracrânien, endovasculaire ou neurochirurgical, pour prévenir l’hémorragie sous-arachnoïdienne anévrismale (HSA) dépassent rarement les risques propres du traitement. La plupart des anévrismes intracrâniens restent donc non traités. Ainsi, un médicament qui pourrait prévenir la rupture de l'anévrisme serait très bénéfique mais aucun n’a cependant été identifié à l’heure actuelle, même si certaines études, bien que non unanimes, ont constaté un effet protecteur de l'utilisation d'antihypertenseurs sur l'incidence et l'issue de l'HSA. Une équipe a réalisé une étude d’association à l’échelle du médicament (DWAS) pour étudier de façon systématique l’association entre les médicaments couramment prescrits et l’incidence de l’HSA.

Une étude d’association à l’échelle du médicament

Une DWAS utilise de grandes bases de données électroniques de soins de santé pour générer des hypothèses sur la relation entre les médicaments et une maladie.

Pour la présente étude, les auteurs ont interrogé la banque de données Secure Anonymised Information Linkage (SAIL) qui comporte les données de soins de santé d’environ 80 % de la population du Pays de Galles. Tous les cas d'HSA entre 2000 et 2020 ont été identifiés à l'aide des codes de la Classification internationale des maladies.

Chaque cas a été apparié à 9 témoins selon l'âge, le sexe et l'année d'entrée dans la base de données. Ont été étudiés les médicaments couramment prescrits (> 2 % dans la population étudiée) et 3 fenêtres d'exposition ont été définies par rapport à la prescription la plus récente avant la date index (c'est-à-dire la survenue de la HSA) : actuelle (dans les 3 mois), récente (3 à 12 mois) et passée (> 12 mois). 

Un modèle de régression logistique a été adapté pour comparer la consommation de médicaments dans ces fenêtres d'exposition par rapport à la non-consommation, en contrôlant l'âge, le sexe, les facteurs de risque connus d'hémorragie sous-arachnoïdienne aigüe et l'utilisation des soins de santé. Le taux d'erreur par famille a été maintenu à p < 0,05 grâce à la correction de Bonferroni.

5 médicaments semblent associés à un risque plus faible

Au total, l'exposition à 205 médicaments couramment prescrits chez 4 879 cas d'HSA (âge moyen 61,4 ans, femmes 61,2 %) et 43 911 témoins appariés a été étudiée. Davantage de cas d'HSA étaient des fumeurs actuels (37 % contre 21 %) ou avaient des antécédents d'hypertension (42 % contre 37 %) avant la date index.

Finalement, 9 médicaments présentaient une association statistiquement significative avec l'HSA après correction de Bonferroni. Pour le lisinopril et l'amlodipine, des tendances similaires ont été observées avec un risque réduit d'HSA pour l'utilisation actuelle (rapport de cotes [RC] pour le lisinopril 0,63 [IC à 95 % 0,44-0,90], amlodipine RC 0,82 [0,65-1,04]) et un risque accru d'HSA pour l'utilisation récente (lisinopril RC 1,30 [0,61-2,78], amlodipine RC 1,61 [1,04-2,48]).

Une augmentation du risque d'HSA lors d'une utilisation récente d'antihypertenseurs peut être due à une confusion par l'indication, en particulier causée par l'hypertension. Cependant, l’analyse a été corrigée pour prendre en compte l’HTA, et la confusion par l'indication n'expliquerait pas un effet protecteur dans l'utilisation actuelle.

Un risque réduit d'HSA a également été associé à l’utilisation actuelle de simvastatine (RC 0,78, [0,64–0,96]), metformine (RC 0,58 [0,43–0,78]) et tamsulosine (RC 0,55 [0,32–0,93]). A contrario, un risque accru d'HSA a été observé pour l'utilisation actuelle de warfarine (RC 1,35 [1,02–1,79]), venlafaxine (RC 1,67 [1,01–2,75]), prochlorpérazine (RC 2,15 [1,45–3,18]) et de l’association codéine-paracétamol (RC 1,31, IC à 95 % 1,10–1,56).

Ainsi, cette étude identifie plusieurs médicaments associés à l'HSA, dont cinq (lisinopril et peut-être amlodipine, simvastatine, metformine et tamsulosine) ont montré une diminution du risque d'HSA. La raison pour laquelle cette tendance a été constatée pour le lisinopril et l'amlodipine, mais pas pour d'autres antihypertenseurs, reste une question ouverte qui devra faire l'objet de recherches ultérieures. 

Les travaux futurs devraient s'appuyer sur ces signaux pour évaluer plus en détail l'efficacité de ces médicaments dans la réduction de l'incidence de l'HSA.


References

Kanning JP, Abtahi S, Schnier C, et al. Prescribed Drug Use and Aneurysmal Subarachnoid Hemorrhage Incidence: A Drug-Wide Association Study. Neurology. 2024 Jun 25;102(12):e209479. doi: 10.1212/WNL.0000000000209479.


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